Un livre pop-up, Astérix les bagarres, reprend en volume les joyeux pugilats si chers à nos irréductibles Gaulois. Hommage bondissant au dessin d’Uderzo et à l’esprit de Goscinny.
Ces deux là, Albert Uderzo et René Goscinny, avaient la main leste pour parsemer les aventures d’Astérix et d’Obélix de splatch, de paf et de ouïe. J’ignore si un fan exégète du petit Gaulois a déjà comptabilisé les querelles animées et les échauffourées bruyantes entre Gaulois et Romains, entre Gaulois et Gaulois, sans oublier celles récurrentes avec les pirates souffre-douleurs. Il y a fort à parier que le nombre doit être conséquent tant les récits sont entrelacés des rixes d’Astérix. « J’ai relu les 34 premiers albums, ceux réalisés par Uderzo ou Goscinny. Je me suis rendu compte que dans tous les récits, on passe d’une bagarre à une autre. Nous cherchions un thème pour ce pop-up avec les éditeurs, il était tout trouvé », raconte José Pons, le designer du pop-up.
Les bagarres seraient donc le liant des aventures gauloises. Un sport national qui, dans la truculence et la démesure, réjouit le lecteur mais qui reste une manifestation violente pour les grands et les petits aussi? « Il n’y a pas de bagarres méchantes, assassines dans Astérix. Ce n’est pas l’esprit. Elles ne sont pas gore, il n’y pas de sang, ni de volonté de faire mal à l’autre. Moi qui suis pacifique, je les vois plus comme un jeu à la mode de La Guerre des boutons », explique José Pons.
Waouh : c’était le cahier des charges des éditions Albert-René pour ce pop-up. Ils voulaient du grand et du spectaculaire. José Pons, qui en est à son 18e pop-up, est allé au maximum de ce qu’il pouvait faire. La scène centrale, la bagarre entre Gaulois s’élève à 32 centimètres au-dessus du sol. Elle compte une quarantaine de personnages si l’on y inclut les poules, Idéfix et les poissons qui volent. Une claque pour le lecteur qui devient aussi spectateur. « Il m’a fallu 800 heures de travail sur deux ans pour réaliser ce livre », précise le designer. José Pons est allé chercher tous les personnages dans les albums d’Astérix. Un casting pointu : « Il ne fallait pas que les personnages soit rattachés spécifiquement à un album, donc pas de caricature ou de figure emblématique d’une histoire », raconte José Pons. Une fois ce choix fait, ils ont été retravaillés par les éditions Albert-René afin de les inclure aux scénettes du pop-up.
Un travail de Romain qui s’offre en ouvrant les six doubles-pages qui composent l’album: la bataille au village quand les femmes s’y mettent, la spectaculaire bagarre entre Gaulois, l’attaque du fort romain, la dislocation façon puzzle d’une colonne romaine, la rencontre en mer avec les pirates et, l’incontournable point final, le banquet et son barde bâillonné. En accompagnant la sortie du nouvel album Le Papyrus de César, ce beau et gros livre (4 cm d’épaisseur) s’avère être un bel hommage. Labor omnia vincit, en français, le travail vient à bout de tout. Peut-être, mais certainement pas pour José Pons à bout du plaisir de s’être plongé dans l’univers d’Astérix : « En travaillant sur ce livre, j’ai redécouvert la qualité graphique d’Uderzo. Les expressions, le mouvement, y compris les caricatures, il dessine vraiment très bien. Un vrai régal ! ».
Astérix les bagarres, le pop-up. Design : José Pons. Editions Du Chêne / Albert-René. 30 euros.