Ce week-end pour les commémorations de l’Armistice de 1918, la rédaction de France Info a recruté Marko, dessinateur Des Godillots, BD mêlant histoire et humour sur la Première guerre mondiale.
Avec pinceaux, feutres et crayons, Marko a tenu l’antenne pendant cinq heures, en direct samedi après-midi et dimanche matin sur France Info. Il est le dessinateur d’une série scénarisée par Olier aux éditions Bamboo. Le cinquième et dernier volume Un dernier p’tit coup avant la Paix vient de paraître. Les Godillots sont trois compères qui vont traverser la Grande Guerre. Ils ne sont pas ces héros disciplinés et auréolés d’actes de bravoure que les états-majors rêvent d’avoir pour combattants. Ils font partie d’une unité de seconde ligne. Leur travail, préparer et apporter la boustifaille aux poilus.
Humour et récit historique
La tâche n’est pas secondaire. Le ravitaillement est primordial en temps de guerre. Leur mission va les amener au-devant des dangers et d’aventures qui les feront connaître les tranchées, les débuts de l’arme aérienne ou les unités d’élite comme les corps-francs, ancêtres des commandos. Le dessin est semi-réaliste et le propos teinté d’humour. Les trois personnages principaux, Palette, Le Bourru et Bixente, n’ont jamais vraiment existé. Les Godillots est une fiction pour tous les publics. Les auteurs ne négligent pas pour autant la réalité historique. Ils ont passé neuf années sur cette série. Olier et Marko se sont solidement documentés pour insérer leur récit dans une chronologie bien réelle. Les uniformes, les armes ou les véhicules ne sont pas dessinés avec fantaisie. La Grande Guerre est bien là avec Les Godillots.
Cinq heures d’antenne pour dessiner en direct sur un sujet qui vous passionne, la Grande Guerre, c’est une belle expérience ?
Marko : Il y avait un peu de pression au début sur le plateau. Une fois lancé, avec l’adrénaline du direct, j’ai adoré faire ça. C’était la première fois à la télévision même si j’ai l’habitude de dessiner en direct dans le cadre du Tour de France pour les villes étape qui reçoivent les coureurs. J’espère avoir mis de la couleur, de l’humanité dans mes personnages, dans leurs regards ou leurs attitudes.
En BD comme en illustration, ce n’est pas évident de dessiner la guerre. D’autant que vous, vous y glissez de l’humour ?
Sur la guerre 14-18, j’ai trois auteurs en BD qui sont pour moi des références. Il y a Tardi bien évidemment, Larcenet et Dumontheuil. Pour Les Godillots, nous voulions parler de cette période autrement, avec un ton plus léger. Sortir de la boue, remettre de la couleur et ne pas accabler le lecteur avec le poids de la violence, du sang et de la mort. Nous souhaitions redonner vie à ces soldats, avec respect et un sens de la réalité, de la vérité historique. Pour le direct, il a fallu le faire souvent en une illustration. La technique que j’ai utilisé, l’aquarelle, est très visuelle pour la télé, elle permet le mouvement. Il faut que le dessin bouge.
En tant qu’auteur sur cette période, comment avez-vous vécu cette séquence mémorielle autour du centenaire de l’Armistice ?
L’itinérance mémorielle du président de la République a captivé tous les regards mais a été parasitée par la politique et le social. Je me sens plus proche des gens qui m’ont aidé depuis neuf ans. Des passionnés, des bénévoles, des historiens qui restaurent des forts, rénovent des véhicules et remettent au jour les témoignages de ce passé.
Avec la polémique sur Pétain qui a elle aussi parasité ces célébrations ?
Je suis contre toute célébration de cet homme-là. C’était très, très maladroit que de lui rendre hommage. Même si historiquement on peut séparer le général du maréchal, il n’y a pas de choix à faire en ce sens au niveau national. Ce n’est pas un hasard si au fond du cimetière de l'Ile d'Yeu, la tombe de Pétain est dans le sens inverse de toutes les autres.
Les Godillots, la série est terminée comme, pour vous, la bande dessinée sur 14-18 ?
J’ai d’autres séries en cours comme Le jour où qui n’ont rien avoir avec cette période et dans un style graphique différent. Avec l’historien Jean-Yves le Naour au scénario et Holgado au dessin, je continue une série sur 14-18, Verdun. Je m’occupe du storyboard. Je fais ce qui me semble essentiel dans la BD, la mise en scène, le rythme, l’essence même de la narration par l’image. La Grande Guerre n’est pas terminée pour moi, elle me passionne toujours.
Les Godillots. Cinq tomes. Olier et Marko. Editions Bamboo. 14,50 euros
Verdun. Trois tomes. Le Naour, Holgado et Marko. Editions Grand Angle. 14,50 euros.