Personne n’avait encore hissé le 9ème art si haut. Le spationaute Thomas Pesquet a mis en orbite deux dessins de Romain Hugault, auteur star de la bande dessinée d’aviation.
L’image accroche l’œil des pauvres terriens que nous sommes. En fond, la planète bleue habillée de ses nuages blancs. A cette altitude, on peut observer la courbure de notre astre, magnifique. Un panneau solaire, le cadre d’un hublot nous fait comprendre que le spectacle est saisi depuis un engin spatial. Au centre un dessin, le portrait de Thomas Pesquet, spationaute français en mission dans la Station spatiale internationale jusqu' en juin 2017. Son portrait a été réalisé par Romain Hugault. Il est un des plus doué dessinateur de bande dessinée d’aviation. Ses albums font un carton. Depuis son premier album en 2005, Le dernier envol aux éditions Paquet, il n'a cessé de progresser.
Sa dernière série Angel Wings avec Yann au scénario est parfaitement aboutie. Ils ont su dépoussiérer un genre qui, faute de renouvellement avec Buck Danny ou Tanguy et Laverdure, piquait du nez depuis quelques années. Dans Angel Wings, les héros sont des héroïnes. Des femmes pilotes que l’armée américaine a déployé notamment sur le front du Pacifique. Ambiance Têtes brûlées façon Papy Boyington mais avec la testostérone en mezza voce. Comme Romain Hugault adore l’esthétique de cette époque, le récit est aussi glamour. A lire en écoutant un bon vieux vinyle de Glenn Miller, installé dans un fauteuil Tiki style.
Comment vos dessins se sont retrouvés dans la Station spatiale ?
Romain Hugault : C’est une demande de Thomas. Il aime mon travail, mes albums de BD aéronautiques ainsi que mes dessins de pin-up. Il est entré en contact par l’intermédiaire de mon frère avec qui il a volé. Il m’a dit l’été dernier qu’il aimerait que je fasse son portrait devant la fusée Soyouz. Je l’ai dessiné, une sorte de clin d’œil au film L’Etoffe des héros.
C’est une commande alors ?
En contrepartie, Thomas m’a dit qu’il l’apporterait dans l’espace. Et vous savez qu’ils sont limités en effets personnels. Pas plus de 1.5 kg contenu dans seule une boîte. Je lui ai imprimé sur une plaque en aluminium. Comme une carte postale avec au dos, une place pour le timbre et une autre pour l’adresse. La première carte postale de l’espace en somme.
Vous avez même ajouté un second dessin…
Plus fantaisiste et plus glamour. J’adore l’esthétique des années 40 – 50. Je lui ai fait une pin-up en combinaison spatiale. Je l’ai imprimée cette fois sur un écusson. Un autre clin d’œil rigolo qui rappelle les écussons des missions spatiales. Thomas m’a raconté qu’il a eu beaucoup de succès auprès des Russes.
Et comment avez-vous reçu les photos de vos dessins dans l’espace ?
C’est assez incroyable, je les ai reçus par un simple mail de Thomas. Il m’a écrit : « Salut c’est Thomas, j’ai fait les photos comme prévu. Passe une bonne journée». Et j’ai découvert mes dessins dans l’espace. Je pensais que les correspondances avec Thomas allaient être compliquées, passer par la Nasa, les Russes et une succession de filtres. Mais non, j’ai reçu les photos directement par un mail qui venait de l’espace.
Ça a été une belle surprise ?
C’est une belle rencontre. Thomas Pesquet n’a pas de plans de communication, n’a pas d’équipe qui s’occupe de ça. Il est ultra accessible et naturel. Depuis qu’il a décollé, il a réussi avec beaucoup de simplicité à réintéresser le public à la conquête spatiale. Cette histoire reflète bien le bonhomme.
Angel Wings, 3 tomes, Yann & Hugault / Editions Paquet. 14 €