Le virtuose du dessin Kim Jung Gi invité vedette de Livre Paris 2016

Kim Jung Gi (Design Bastille center. Paris, 02/16. Photo © Francis Forget).

L’artiste sud-coréen a fait du dessin un spectacle vivant. Devant un public médusé, il réalise en direct, sans esquisse ni travaux préparatoires, des illustrations époustouflantes sur des toiles géantes.

Les vidéos de ses performances sur internet ont été vues plusieurs millions de fois. Le spectacle est saisissant. L’artiste fait face à une grande toile vide. Silence dans la salle. Aucun repère, ni crayonné. Lui seul a le schéma en tête de ce qu’il va mettre plusieurs heures à composer. Il commence par un détail, une main, un visage ou un objet. Puis il va dérouler son trait remplissant toute la surface d’une étonnante fresque. Il ne néglige aucun détail. Son dessin semble figer le temps. Il met à plat sur la toile un instant, un moment de vie qu’il restitue en vision panoramique. Son œil est un objectif grand angle d’une impressionnante précision.

« Ma tête est une boîte, toutes les références sont dans cette boîte. Je les récupère quand j’en ai besoin. Quand je commence un tableau, j’ai 70% du dessin en tête. Le reste, les détails, je les invente au fur et à mesure », explique Kim Jung Gi. Le dessinateur a un rapport passionné voire obsessionnel à son art. A l’âge de six ans, Kim Jung Gi dessinait déjà beaucoup. A 19 ans, il entre à l’École des Beaux-arts de Séoul, avant d’étudier la peinture traditionnelle coréenne à l’Université de Dong-Eui à Busan, sur la côte Ouest du pays.  « C’est à 26 ans, à l’université, que je me suis rendu compte qu’il m’était possible de dessiner directement et composer ce que je voulais. J’ai peut-être un peu de talent mais j’ai surtout beaucoup de pratique. Je pourrais dessiner sans limite », raconte l’illustrateur aujourd’hui âgé de 41 ans et devenu professeur de dessin à Séoul.

Kim Jung Gi portrait 2

C’est d’ailleurs lors d’un marathon graphique que sa popularité a débuté en 2011. Pour un festival en Corée, l’auteur avait dessiné pendant quatre jours sur de très grands formats. La vidéo postée sur Youtube contamina rapidement la toile. Le phénomène Kim Jung Gi était né. Il a dépassé depuis largement les frontières de la Corée. L’auteur se produit maintenant en Europe, aux Etats-Unis, récemment à New-York, en Asie, au Japon ou en Malaisie.

Le scénariste de BD Jean-David Morvan a très vite repéré le potentiel de l’artiste coréen. Ensemble, ils ont entamé une série, Spygames, dont le premier tome est paru en 2014. Le récit se situe à Hong Kong lors d’une compétition entre agents secrets survoltés. Appâtée par le talent du coréen, toute la BD-sphère attendait cet album. Et là, il faut bien l’avouer, petite déception. La qualité de l’ouvrage n’atteignait pas les dimensions graphiques attendues. « La bande dessinée est un métier difficile pour moi. Il y a une différence entre ce que je fais et la BD. Et je crois que je ne me sens pas assez libre en bande dessinée. Quand j’ai fait cet album, j’ai eu l’impression de dessiner dans le cadre d’un travail, sensation que je n’ai pas habituellement », explique Kim Jung Gi.

Kim Jung Gi au Design Bastille center (Paris, février 2016, photo © Francis Forget).

Kim Jung Gi au Design Bastille center (Paris, février 2016, photo © Francis Forget).

Les qualités du Coréen étaient bien mises en lumière dans l’exposition que lui a consacrée le galerie Daniel Maghen au Bastille design center à Paris début février. Pendant un long week-end, plus d’une centaine d’œuvres en noir et blanc ou couleurs étaient exposées. Du format A4 jusqu’à la monumentale toile de plus de cinq mètres d’envergure réalisée en 2012 et encore jamais sortie de Corée. Les plus grandes sont parties à 25 000 euros. Ses influences sont à chercher du côté des mangas. Même si on peut y déceler ici ou là des références à Moebius. Scènes de combats, monstres, animaux, robots, foules urbaines, dessins érotiques, portraits… Ses illustrations témoignent de cet insatiable appétit à tout saisir par le trait. « Je suis passionné en ce moment par les machines et les véhicules. Je cherche à comprendre comment ils fonctionnent, comment ils ont été construits et comment les représenter », ajoute l’illustrateur.

Comme la Corée est à l’honneur cette année pour la 36ème édition du Salon de livre de Paris, Kim Jung Gi sera présent du 16 au 20 mars. Sur le stand de la Corée et de Glénat pour des séances dédicaces. Et surtout, pour des « drawing shows », ses performances graphiques, que le génie de Séoul effectuera le jeudi 17 mars.

Jeudi 17 mars

  • 11h30 à 12h30 : Rencontre / Drawing Show – Stand du CNL – L69
  • 12h30 à 13h30 : dédicace sur le stand de la Corée en compagnie de Jean-David MORVAN – G70.
  • 18h15 à 19h15 : Rencontre / Drawing Show – Scène BD – S66
  • 19h30 à 20h45 : dédicace sur le stand de la Corée – G70

Vendredi 18 mars

  • 15 à 17h : dédicace sur le stand Glénat en compagnie de JD Morvan – Stand R44
  • 17h00 à 18 h : dédicace sur le stand de la Corée – G70

Samedi 19 mars

  • 11 à 13h : dédicace sur le stand Glénat en compagnie de JD Morvan – Stand R44
  • 16h30 à 18h30 : dédicace sur le stand de la Corée – G70

Dimanche 20 mars

  • 15 à 18h : dédicaces sur le stand de la Corée – G70

Sketchbook , 4 volumes, recueils complets des très nombreux dessins de Kim Jung Gi / Editions SuperAni. 90 euros.

Spy Games avec Jean-David Morvan / Editions Glénat.14 euros.

Le site de Kim Jung Gi, www.kimjunggi.net

 

Publié par Francis Forget / Catégories : Infos