Le prix récompensera le « courage artistique d’un auteur ». Ou plus exactement, d’une auteure car pour sa première édition, il sera décerné à une femme.
A l’initiative de l’évènement, Yan Lindingre, rédacteur en chef de Fluide Glacial et dessinateur de presse. Sur sa page facebook, l’auteur exhibe le trophée fraîchement réalisé par un artiste de la région de Metz, Denis Hilt. Très éloigné de l’art conceptuel, le sculpteur n’a pas fait d'impairs mais une paire qui ressemble à ce qu’elle est, en plus gros quand même. La remise du prix se tiendra, à Angoulême, le samedi 30 janvier à 11h30. Ne la cherchez pas dans le programme officiel, elle n’y figure pas. Car cette cérémonie off est mollement appréciée par le festival.
L’idée de cette récompense résulte d’une paire de maladresses ou de reculades sinon d’erreurs de la part des organisateurs d’Angoulême. La première a eu lieu en novembre dernier lors de la présentation du programme 2016 du festival à la Maison de la culture du Japon à Paris. Franck Bondoux, directeur du festival, explique qu’il renonce pour cette édition à un prix Charlie Hebdo de la liberté d’expression. Au motif qu’il serait trop dangereux pour le lauréat. « Toute proportion gardée, nous pensons au contraire qu’un prix Nobel de la Paix n’a jamais nui à son récipiendaire si ce dernier subit des menaces dans son pays. Par l’octroi d’un prix un tant soit peu médiatisé, le lauréat gagne en visibilité et s’assure des soutiens de par le monde », explique Yan Lindingre dans un communiqué.
La seconde boulette, plus largement médiatisée, est celle de la liste des auteurs sélectionnés pour le Grand Prix. Une liste à la testostérone puisque initialement composée uniquement d’auteurs masculins. Et sévèrement remise en cause par de nombreux auteurs dénonçant le sexisme affiché de la sélection. Après quelques tergiversations, le festival s’est décidé à renoncer à une liste de nominés. Il revient dorénavant aux auteurs de choisir, en dehors de toute liste, le nom de l’auteur(e) qu’ils souhaitent élire en tant que Grand prix. « L’idée de récompenser une dessinatrice (puisqu’il s’agira d’une femme) courageuse qui doit se battre pour publier, faire face à des menaces, nous a paru de bon aloi… à un moment où l’on oublie même les femmes dans la liste des candidats au Grand Prix du FIBD 2016», a rétorqué le rédacteur en chef de Fluide Glacial.
Le prix Couilles-au-cul a soulevé l’enthousiasme de plus d’une paire de partenaires. L’association de dessinateurs de presse Cartooning for peace, le journal Sud Ouest ou le site spécialisé ActuaBD sont parties prenantes. Et Yan Lindingre de conclure avant la remise du prix par ses pairs : « L’intitulé est volontairement trivial et provocant, mais il permet de rappeler que le métier des humoristes, et en l’espèce des dessinateurs de presse, c’est de faire rire. Même si certains l’ont payé de leur vie, il ne faut pas penser que les dessinateurs d’humour sont devenus du jour au lendemain des gens graves. « Sentinelles de la liberté d’expression », pourquoi pas… Mais humoristes avant tout ! »