La BD est aussi en fête au Salon du livre. Des rencontres et des dédicaces avec de dignes émissaires du 9e art comme Bilal, Druillet, Sattouf ou Rosinski. Et un invité spécial, l’américain Scott McCloud.
Avec Angoulême et Quai des bulles à Saint-Malo, le Salon du livre de Paris est, ce que les professionnels appellent, un salon d’éditeurs. C’est-à-dire que ce sont les maisons d’édition qui ont leur stand et qui invitent leurs auteurs. Il est alors évident que la concentration de dessinateurs et scénaristes de renom est très grande. Bien supérieure à celle du festival BD de Trifouillies-les-Oies soutenu par une association de bénévoles et les quelques deniers d’une collectivité territoriale.
Le millésime 2015 ne fait pas exception à la règle. Ils sont venus, ils sont tous là ou presque. Enki Bilal sera sur scène dimanche à 12H30 pour une rencontre intitulée « Bilal, un inventeur de mondes ? ». Il sera ensuite sur le stand Casterman à 15H30 pour des dédicaces. Soyez patients, la file d’attente est proportionnelle à la notoriété. Le génial Druillet dédicacera samedi à 15h30 la nouvelle réédition de La nuit sur le stand Glénat. Une version qu’il veut comme «définitive» d’un album très abouti et sombre faisant suite au décès de sa femme en 1975. Riad Sattouf bat des records de vente en librairie avec L’Arabe du futur. Avec Blast de Manu Larcenet, l’album est, pour moi, le meilleur titre de l’année dernière. Riad Sattouf sera sur la scène des auteurs dimanche à 10h30. Il présentera en avant-première le tome 2 de la série. Incontournable.
Du côté des auteurs étrangers, il y a le cas Scott McCloud. Dans le dossier de presse du salon, l’homme est présenté comme « une des plus grandes stars de la BD... plus respectées, plus écoutées ». Il est l’auteur de L’Art invisible (1993), ouvrage fascinant qui explique la BD en BD. Très bien. Mais il n’y a pas que du très bon dans sa bibliographie. Peut-on être le « plus plus » des auteurs avec seulement une voire deux très bonnes BD ? A discuter… Il sera en dédicace samedi à 16h00 et dimanche à 15h00. Il signera son tout dernier ouvrage Le sculpteur sur le stand de son éditeur Rue de Sèvres. L’histoire d’un jeune artiste qui fait un pacte avec le diable. Une réinterprétation pas complétement convaincante du mythe de Faust. Scott McCloud sera sur la scène des auteurs dimanche à 12h30 pour discuter 9e art avec l’hyper talentueux dessinateur, scénariste et blogueur Boulet.
Ailleurs toujours avec le Brésil, pays à l’honneur de cette édition du Salon du livre. Lobo, Quintanilha et Moon ? Des auteurs moins connus du public pour un grand pays qui semble s’ouvrir à la BD. Ils tiendront salon dimanche à 14h pour une rencontre intitulée « L’âge d’or de la bande dessinée brésilienne ». Vous pourrez aussi vous faire dédicacer, au stand Urban Comics, samedi à 14h, le dernier album de Fabio Moon, Deux frères. Portrait réussi d’une fratrie dans le Brésil des années 50, au graphisme affirmé, adapté du roman de Milton Hatoum.
La Pologne est aussi célébrée avec la venue du dessinateur de Thorgal, Grzegorz Rosinski. Samedi à 18h30, au Pavillon polonais, sera débattue la question identitaire sur «Thorgal est-il polonais ?». Sans Jean Van Hamme qui l’a créé au scénario mais avec Patrick Gaumer le biographe émérite de Rosinski. Un beau programme donc pour cette édition à qui il manque juste une ou deux expositions BD. Elles n’ont jamais été exceptionnelles en ce lieu mais elles avaient la vertu de divertir des longues files d’attente pour les dédicaces. Rien cette année, est-ce le fruit gâté de la crise économique ?