Avis de forte houle, ce week-end à Saint-Malo. Les auteurs en dédicace du deuxième plus important festival de BD en France sont appelés à lever leurs crayons à 17H30 ce samedi 11 octobre. A l’origine du mécontentement, une réforme du régime de retraite complémentaire qui coince dans le monde des bulles.
C’est la branche BD du Syndicat national des auteurs et compositeurs qui fait souffler le vent breton de la contestation sur la 34e édition de Quai des bulles. Ses représentants demandent à tous les auteurs de « débrayer » afin de participer à une assemblée générale. Ce qui s’apparente à une grève des dédicaces en plein après-midi, heure de pointe du festival.
Tout commence en mai quand les auteurs reçoivent un courrier du RAAP, le Régime des artistes auteurs professionnels. Sous couvert d’offrir une retraite décente aux auteurs et d’équilibrer les comptes, le RAAP annonce un nouveau taux de cotisation s’élevant à 8% des revenus de l’année précédente. Jusqu’à présent, un auteur doit verser un minimum de 200 euros par an pour sa retraite complémentaire obligatoire. Avec la possibilité de mettre plus, la retraite complémentaire étant proportionnelle aux sommes que l’auteur aura versées durant sa période d’activité.
Mais pour bon nombre d'auteurs, la réforme est inacceptable. Près de 1200 d'entre eux, avec des grands noms comme Bilal, Tardi, Geluck ou Sfar, adressent un courrier à la ministre de la culture en poste à l'époque, Aurélie Filippetti. Ils y dénoncent une hausse qui « représente l’équivalent de presqu'un mois de revenus » rappelant au passage que « le revenu de la moitié des auteurs de BD se situe (hélas) bien en dessous du SMIC ».
Depuis, des réunions ont eu lieu, la ministre a changé, le temps passe et le conflit s’enlise. L’idée « d’actions collectives » germait depuis la rentrée jusqu’à prendre la forme de cette levée de crayons. Comment va réagir le public devant les stands qui devraient substantiellement se vider ? Il est prévu la distribution d’un tract explicatif sous la forme d’un jeu de l’oie humoristique où l’auteur se retrouve à la fin contraint de vendre ses « slips dédicacés sur Ebay ». Dommage collatéral qui transformerait de fait le chasseur de dédicaces en chasseur de slips !
Le programme du festival Quai des bulles, du 10 au 12 octobre 2014 à Saint-Malo.