Histoires inavouables est la première BD d’Ovidie. Dix histoires sur le sexe, sans détour mais raconté autrement. Interview d’une ex-actrice et réalisatrice de film X, féministe engagée et grande lectrice de bandes dessinées.
Les éditeurs multiplient leurs collections érotiques. Le sexe en BD se vend bien depuis quelques années, comment expliquez-vous ce phénomène ?
C’est assez paradoxal car plus personne n’achète de films porno, c’est maintenant gratuit sur le net. Je crois que c’est parce que la BD offre quelque chose de moins frontal que les images du X. Elle laisse plus de place au lecteur et à son imagination.
C’est un style de BD que vous appréciez ?
Globalement, non. Très souvent, ces bandes dessinées présentent un univers érotique dans lequel je ne me reconnais pas. Les femmes sont soit des filles soumises, soit des gougourdes, frivoles et nymphomanes. En tant que femme, je ne peux pas me projeter la dedans.
Même avec des maîtres du genre comme Manara?
Non, vraiment, ce n’est pas mon goût. J’aime que les corps soit variés, que les histoires soient légères et qu’il y ait une dimension humaine au récit. Des BD comme Fraise et Chocolat d’Aurélie Aurita ou Premières fois (*) me touchent beaucoup plus.
C’est d’ailleurs avec un dessinateur de Premières fois, Jérome D’Aviau, que vous avez consigné votre album…
J’aime son approche naturelle, pas pincée, ni gênée par les corps et la sexualité. Son dessin n’est pas dans la caricature, pas de sexe énorme. Il est réaliste, sans être cru, je suis fan.
Pourquoi ce choix de dix nouvelles plutôt qu’un récit complet?
Le court-métrage ne passe pas dans le X alors que la BD se prête à ce type de découpage. La bande dessinée m’offre une plus grande liberté, comme une récréation…mais dans un contexte réaliste, toutes les histoires évoquées sont vraies.
(*) album collectif aux éditions Delcourt Dessin Histoires inavouables © Jérôme D'Aviau & Ovidie / Editions Delcourt Photos © Francis Forget