Les trois BD à ne pas manquer du mois de novembre. L’adaptation du polar de James Ellroy, Le Dahlia noir, le Louvre vu par Etienne Davodeau dans Le Chien qui louche et l’élégance du dessin d’Annie Goetzinger dans Jeune fille en Dior.
Le polar
La collection Rivages Casterman nous offre encore une belle adaptation de polar. Pourtant la tâche était ardue. Le Dahlia noir, best-seller, n’est pas le plus simple à transposer en BD. Les auteurs, au scénario, Matz inspiré par le réalisateur David Fincher, ont fait des choix. Celui d’un découpage sobre. En dehors des scènes d’action, trois ou quatre cases maximum par planche et 90% des dialogues sont ceux du livre. Avec des allers-retours chronologiques... au risque parfois de perdre un peu le lecteur. Mais le lumineux dessin de Miles Hyman compense. Son talent, on pouvait déjà s’en persuader dans son précédent album, Nuit de fureur, dans la même collection. Avec Le Dahlia noir, le dessinateur se surpasse. Sans fausse note. L’ambiance, les lumières, les portraits, chaque case est un tableau dessiné au crayon gras. Immersion réussie dans le Los Angeles des années 40-50 et l’univers d’Ellroy.
Le Louvre
Qui peut affirmer qu’un tableau a le droit ou non d’être accroché aux cimaises du Louvre ? La réponse d’Etienne Davodeau est une douce comédie familiale et amoureuse. L’histoire d’un surveillant du musée, Fabien, qui va croiser une mystérieuse association de doux dingues, la République du Louvre. L’histoire aussi d’une croûte, le Chien qui louche, tableau approximatif d’un aïeul de la belle-famille de Fabien. La peinture finira-t-elle au Louvre comme le souhaite ardemment beau-papa et beaux-frères ? Pas de héros, pas de Puissants, pas d’envolée lyrique sur l’art ou ses représentations. Le Louvre d’Etienne Davodeau est fait de gens ordinaires, de scènes du quotidien, de drôlerie et de sentiments. C’est simple comme c’est beau.
La jeune fille
Très souvent, elles sont pénibles. Qui? Les préfaces. La romancière Anna Gavalda avoue même qu’elle ne les lit jamais. Dans Jeune fille en Dior, ce serait un tord car c’est précisément Anna Gavalda qui a signé la préface. Et dedans, la romancière dit tout très bien sur cette formidable artiste qu’est Annie Goetzinguer. Exigence, féminité, lucidité, rage, élégance…il y a effectivement tout cela dans ses histoires qu’elle met en images. Seule ou avec Pierre Christin au scénario, Annie Goetzinger a réalisé de superbes albums à lire et relire. Dans ceux là, La Demoiselle de la Légion d’honneur a particulièrement touché Anna Gavalda (personnellement, c’est La Diva et le Kriegspiel). Jeune fille en Dior est dans la lignée de ces grandes BD. L’histoire du grand couturier Christian Dior et des coulisses de sa maison de création. L’auteure sait dessiner les étoffes, leur rendant volumes et chatoiements. Avec un travail très juste sur les couleurs qui donne à l’album les teintes de l’époque. Mais plus encore, Annie Goetzinger est l’auteur de BD qui dessine le mieux les femmes. A ce titre là, l’album est indispensable.
Images Le Dahlia noir (c) Ellroy-Matz-Fincher-Hyman/ Editions Casterman
Images Le Chien qui louche (c) Etienne Davodeau / Editions Futuropolis-Le Louvre
Images Jeune fille en Dior (c) Goetzinger / Editions Dargaud