A Paris, Carcassonne, le Puy-en-Velay, Cluny… ce week-end pour les Journées du patrimoine, les auteurs de BD vont dédicacer dans de prestigieux monuments historiques. Abbaye, châteaux et tours deviennent des héros de bande dessinée. Le patrimoine inspire auteurs et éditeurs mais la pierre était-elle une valeur sûre dans le monde du 9ème art ?
A l’origine de ces évènements, l’éditeur Jacques Glénat qui s’est associé au Centre des monuments nationaux pour réaliser une collection autour des plus célèbres joyaux du patrimoine français. Les albums ne retracent pas l’histoire des monuments qu’ils évoquent. Ce sont des fictions dont le récit est bâti autour des monuments. Les Génies de l’Arc de Triomphe est le tout dernier album du catalogue qui compte déjà quinze titres. «Ce n’est pas un projet d’auteur mais une commande. L'éditeur m'a demandé si ça m'intéressait" se souvient le dessinateur Erik Arnoux. On n'a pas la même liberté, le travail doit être plus précis, il faut respecter un minimum les choses mais le scénario m'a plu et le personnage principal, l'Arc de Triomphe, est impressionnant".
Avec la centaine de sites dont il a la gestion, le Centre des monuments nationaux a de quoi inspirer les auteurs. «La BD peut être un bon véhicule pour toucher un public, jeune ou adulte, qui ne vient pas directement au Patrimoine. Des albums comme ceux sur Cluny ou Carnac sont de bons succès » explique Jocelyn Bouraly, directeur d'éditions au Centre des monuments nationaux. L'éditeur Delcourt semble aussi succomber au charme des vieilles pierres. Paris Maléfices est le premier tome d'une série dont Paris et ses monuments sont les héros. "Le travail de commande, élargir le public, je n'y crois pas. A chaque fois que j'ai essayé de faire ça, je me suis rétamé. Ma première idée, c'est de raconter une histoire et Paris est une ville que j'adore" explique le scénariste Jean-Pierre Pécau. L'idée est venue à l'auteur après la restauration de la Tour Saint-Jacques. "J'ai lu dans la presse que les 4 statues du sommet n'ont pas été remontées dans le bon ordre, précise l'auteur. A partir de là, il y avait une piste scénaristique, qu'est-ce ça donne pour Paris et ses habitants si ces statues sont placées à l'envers ?" Un polar nimbé de fantastique, sorte d'X-files à la sauce parigot.
Ces bandes dessinées sur le patrimoine sont-elles à la hauteur des édifices qu'elles évoquent? Le résultat est inégal tant au niveau du scénario que du dessin. Pas de chef d'oeuvre, toutefois des albums comme Versailles de Convard, Adam et Liberge ou Le mystere de la Tour Eiffel de Guérin et Lacaf sont de bons moments de lecture. Avec Les Génies de l'Arc de Triomphe, Eric Arnoux reste très lucide : "Si c'était mon premier album, je serai très dubitatif. On va le voir en librairie pendant quinze jours puis l'oublier. Mais comme c'est un travail de niche, il sera présent encore dans 10 ans". Bien loin des centaines d'années qu'ont réussi à traverser les monuments. Au rythme de la production BD actuelle - 5000 titres par an- une décennie d'existence, c'est s'approcher un peu de l'éternité.
Dates et horaires des dédicaces sur le site de Glénat BD. Le 21 et 22 septembre est organisée aussi une séance de dédicaces avec les auteurs de la collection Patrimoine à la librairie de l'Hôtel de Sully à Paris.