Visiblement, il était temps que ça s'arrête. Le dernier volet du Hobbit, La Bataille des cinq armées, promettait d'être le point d'orgue d'une saga titanesque entamée par Peter Jackson avec son autre trilogie Tolkien, Le Seigneur des anneaux. Las ! C'est tout l'inverse. De façon déconcertante, le film offre son lot de moments gênants, voire ridicules. Comme j'ai commencé à m'ennuyer au bout de 3 minutes, j'ai passé les 2h21 restantes à faire l'inventaire de ces séquences embarrassantes, assez indignes d'un réalisateur qui nous avait habitués à mieux, y compris lors des deux premiers volets du Hobbit. A croire que Peter Jackson était vraiment sur les rotules, après 13 ans passés à mettre en scène les classiques de Tolkien.
Etonnament, c'est la technique qui pèche le plus dans ce dernier Hobbit. La scène d'ouverture synthétise à elle seule tous les défauts du film : des effets spéciaux approximatifs (à commencer par le feu du dragon qui consume Lac-ville), des décors à la Vidocq, une musique épuisante, des mouvements de caméras répétitifs et surtout un éclairage assez incompréhensible, mélangeant des puits de lumière blanchâtre et un fond de l'air mordoré. Passons sur les dialogues, écrits un dimanche de gueule de bois. Quant à la direction d'acteurs, elle ne semble plus faire partie du cahier des charges du cinéaste. Seuls Martin Freeman (Bilbon Sacquet) et Ian McKellen (Gandalf) s'en tirent sans dommages.
Les belles images se comptent sur les doigts d'une main
Peter Jackson avait promis une scène de bataille finale longue de 45 minutes. Le contrat est respecté, mais avec quel résultat ? Les enjeux de cet affrontement sont bâclés. Les Nains et les Elfes s'allient avec une facilité improbable, le grand méchant Orque nous est à peine présenté, les aigles rappliquent (chouette !) et disparaissent aussitôt (nooooon), et pour finir, la pierre Arkenstone dont on nous parle depuis si longtemps n'est même pas rendue à ses propriétaires. Les grandes batailles du Seigneur des anneaux, leur souffle épique et leur poésie semblent bien loin. Ah, comme on regrette les charges des Rohirrim ("A sword-day, a red day !") et des Ents à Isengard...
Pour couronner le tout, Peter Jackson semble oublier qu'une des forces de ses épopées précédentes réside dans le saisissement de la beauté des paysages. Or je n'ai compté qu'un seul beau plan large, celui de Gandalf qui galope seul à travers champs. Tout le reste est mangé par des images numériques qui n'ont plus rien de vraisemblable et une lumière qui estompe tout, comme si le film était entièrement tourné avec l'application de retouche photo Mextures.
Le générique de fin est l'occasion de mesurer l'étendue des dégâts. Le film, souvent comique malgré lui, aurait pu être un vrai nanar si le duo d'acteurs cité plus haut et quelques moments de bravoure durant la bataille finale ne venaient à son secours. La liste des ratages est tout de même longue : le cervidé dont les pattes ne touchent pas le sol, le délire psychédélique de Thorin sur sa patinoire dorée, Legolas qui répète "Gundabad" comme un idiot, les Orques tués d'un simple jet de pierre, les dents cartoonesques d'Alfrid, etc. L'image que je retiendrai le plus, c'est celle d'une Cate Blanchett verte qui s'époumonne sur des spectres en lévitation. Une séquence désopilante qui à elle seule mériterait un Razzie Award. Peter, ressaisis-toi !
Crédits photo : Warner Bros.