Un face-à-face avec la mort, sans effets spéciaux. Acteur principal du film de David Gordon Green Joe, sorti fin avril, Nicolas Cage a risqué sa vie au cours d'une scène jugée cruciale par le réalisateur. Cette scène de rencontre entre Joe Ransom (Nicolas Cage) et le jeune Gary (Tye Sheridan) est médiatisée par la présence d'un serpent mortel, que le héros brandit farouchement. Plutôt que de choisir un reptile inoffensif qui a l'air méchant, l'acteur a préféré s'emparer d'un vrai serpent venimeux, un mocassin d'eau, espèce potentiellement mortelle que l'on rencontre, entre autres, au Texas, où se déroule l'intrigue.
"L’équipe n’aimait pas les faux serpents en caoutchouc. La production avait prévu un autre serpent inoffensif, mais David Gordon Green ne trouvait pas ses crochets assez longs, se souvient Nicolas Cage, cité par Comme au cinéma. Donc j’ai dit : 'Ok, je vais prendre le mocassin d’eau et c’est tout'. Bien sûr, tout le monde s’est inquiété, mais ça s’est bien passé. Je savais comment le tenir. J’ai réussi à le prendre dans ma main et en fait, je l’ai trouvé très apaisant… assez beau."
Apaisant ? Ce n'est pas vraiment l'adjectif auquel j'aurais pensé... Mais David Gordon Green confirme ce ressenti. "Cette scène devait être intense car c'est la première fois que les personnages de Nicolas Cage et Tye Sheridan se rencontrent, explique-t-il à TF1. Nous n'arrêtions pas de nous mettre la pression, des jours avant de la tourner. Nicolas était nerveux et il avait besoin d'un défouloir. Il a utilisé sa peur de tenir ce serpent car il savait que c'était le climax. J'appelle ça la grande classe."
Un miroir de "Mud"
A sa sortie, Joe a souffert de sa comparaison avec Mud, de Jeff Nichols, arrivé sur les écrans quelques mois plus tôt et acclamé par la critique. Et pour cause : le jeune acteur est le même, on nous parle d'une semi-brute épaisse sur le chemin de la rédemption dans un décor moite, et les deux metteurs en scène, qui étaient ensemble à la fac, possèdent certains traits communs en terme de style.
Mais cette anecdote du "vrai serpent mortel" montre que l'approche de Gordon Green est peut-être plus brute et plus affirmée que celle de Nichols. Dans Mud, le héros (Matthew McConaughey) tue un serpent et sauve l'adolescent (Tye Sheridan) qui vient d'être victime d'une morsure. J'ignore quel type de serpent est alors filmé, mais cette scène est bâclée, le serpent fait une mini-apparition, et le montage laisse à peine entrevoir une confrontation entre l'homme et l'animal. Mud, dont le titre promet une plongée dans la crasse des bayous, portait mal son nom. La violence, comme la nature, y était traitée avec désinvolture. Quoi qu'on pense du film, Joe réussit, grâce au tempérament jusqu'au-boutiste de son interprète principal, à s'approcher plus frontalement de cette nature hostile, sujet à part entière du film.
Crédits photo : Wild Side Films