Dany Boon/Kad Merad d'un côté, Les Inconnus de l'autre. Et dans les salles, deux films estampillés "comédie populaire" qui sortent à une semaine d'écart. Supercondriaque et Les Trois frères, le retour ont été diversement appréciés par la critique : le premier a été timidement démoli ; le second, défoncé à coup de bulldozer par la presse, au point que Didier Bourdon s'en est ému sur RTL.
Outre le timing admirablement synchrone et les millions de spectateurs séduits, Supercondriaque et Les Trois frères, le retour, partagent un point commun, ils capitalisent sur les succès passés de leurs auteurs. Face à la médiocrité parfois consternante de leur écriture et de leur mise en scène, un seul mode d'évaluation semble s'imposer : les gros chiffres. Supercondriaque casse la barraque avec un budget estimé à 31 millions d'euros et 2 millions d'entrées en une semaine. Les Trois frères, le retour n'est pas en reste : 11 millions d'euros de budget et 1,2 million d'entrées sur le même laps de temps.
Puisque la seule chose qui compte, avec ce genre de films, n'est plus "quoi", "comment" ou "pourquoi" mais "combien", j'ai moi aussi décidé d'évaluer "combien" de fois j'avais ri devant ces comédies. A chaque fois que je pouffais gaiement (les sourires ne rentrent pas dans les critères d'évaluation), hop, un point supplémentaire. Voici les résultats que j'ai, le plus scientifiquement du monde, obtenus :
• Supercondriaque : 5 rires
• Les Trois frères, le retour : 16 rires
Ce qui nous fait une moyenne de 1 rire toutes les 21 minutes chez Dany Boon et 1 rire toutes les 6 minutes chez les Inconnus (ou encore 6,2 millons d'euros le rire chez Dany Boon et 700 000 euros chez les Inconnus). J'ai donc ri 3,2 fois plus devant Les Trois frères, le retour que devant Supercondriaque.
Eh oui, contrairement à ce que la presse indique, Les Trois frères, le retour reste à mon sens une comédie certes réchauffée vingt fois au micro-ondes, mais dont la recette garde une certaine qualité gustative. Une fois la calamiteuse première demi-heure passée, le trio remonte la pente et l'on retrouve Les Inconnus comme on les a plus ou moins toujours aimés, taquins, en roue libre, joyeusement foireux. Les clins d'œil à la première version des Trois frères (la scène de défonce, notamment) sont bien gérés et l'enthousiasme de Bernard Campan finit par être communicatif (fou rire devant la séquence "plateau télé en habit de chien"). Comme moi, la salle (parisienne) s'est esclaffée un bon nombre de fois.
A l'inverse, Supercondriaque démarre plutôt dignement, puis se vautre dans une intrigue qui n'a plus rien à voir avec le schmilblick, prenant même un virage final "film d'action" totalement incompréhensible. On doit supporter une heure de Dany Boon imitant l'accent serbo-croate d'un révolutionnaire des Balkans ou faisant les yeux doux à une jolie dame qui n'a pas UNE SEULE ligne comique. Kad Merad, le seul à remettre un peu de drôlerie dans ce pédiluve de l'humour, disparait trop souvent de la circulation et nous laisse en plein désarroi. Moi qui avais pourtant aimé Bienvenue chez les Ch'tis, me voilà devenue allergique à Dany Boon. Et je ne suis pas hypocondriaque...