Une fois n'est pas coutume, éloignons-nous de l'actualité cinéma pour faire notre shopping "sorties" des mois à venir. Les grandes salles de concerts classiques ont dévoilé leur programme pour la saison 2013-2014 (youpi) et certains spectacles devraient faire "tilt" chez les amateurs de cinéma... Notamment, à l'opéra.
Un de mes plus beaux souvenirs de 2013 restera la représentation du Crépuscule des dieux, de Richard Wagner, joué à l'opéra Bastille à l'occasion du bicentenaire de la naissance du compositeur. Pas seulement pour la beauté de la partition, mais aussi car cela m'a rappelé des souvenirs de cinéma, enfant. En l'occurrence, la fin du film Excalibur, de John Boorman (1981), correspondant dans l'opéra à la mort de Siegfried.
Le cinéma est une des portes d'entrée possibles vers cet art exigeant qu'est l'opéra. C'est en tout cas celle que j'ai empruntée au début, et j'en suis très heureuse, même si je ne limite plus mes choix aux œuvres rencontrées sur grand écran. Si comme moi, vous aimez retrouver dans la vraie vie ce que vous avez aimé à l'écran, voici un petit guide des opéras utilisés dans des bandes originales de film qui seront donnés à Paris dès septembre (toutes mes excuses aux lecteurs non parisiens, mais faire le tour des salles en région m'aurait pris un temps monstrueux...).
Vous pouvez également consulter le programme complet à l'Opéra de Paris et au théâtre des Champs-Elysées, ma sélection n'étant pas exhaustive.
Lucia di Lammermoor (Donizetti)
[Opéra Bastille] Je dois avouer que je ne connaissais pas le nom de cet opéra avant d'effectuer mes recherches. Lucia di Lammermoor, de Gaetano Donizetti, figure pourtant au générique des Infiltrés, de Martin Scorsese (2006). La sublime mélodie chantée par le sextuor est présente dans deux scènes du film, selon Wikipédia. Elle sert même de sonnerie de téléphone au personnage de Jack Nicholson.
Un autre passage de cet opéra, tout aussi réussi, offre un des plus beaux moments au Cinquième Elément, de Luc Besson (1997). La scène de la Plava Laguna, diva schtroumpfesque interprétée par Maïwenn Le Besco, reprend le thème "Il Duolce Suono" de Lucia di Lammermoor (attention, le montage de cette vidéo n'est pas l'originel).
Cosi Fan Tutte (Mozart)
[Palais Garnier] Cette œuvre de Wolfgang Amadeus Mozart est un classique parmi les classiques. Le réalisateur autrichien Michael Haneke l'a récemment mise en scène. Cosi Fan Tutte est également cité à plusieurs reprises dans Closer, de Mike Nichols (2005), notamment l'extrait "Dammi un bacio" (je vous laisse traduire...).
I Puritani (Bellini)
[Opéra Bastille] On retrouve quelques extraits de ces Puritains, de Vincenzo Bellini, dans Fitzcarraldo, réalisé par Werner Herzog (1982). Todd Haynes s'est aussi servi de l'extrait chanté ci-dessous dans Mildred Pierce, avec Kate Winslet, mini-série diffusée sur HBO puis sur France 3, en début d'année.
La Flûte enchantée (Mozart)
[Opéra Bastille] Inutile de présenter cet opéra, on s'est toutes cassé la voix en tentant de chanter l'air de la Reine de la nuit sous la douche. Les vocalises imaginées par Mozart composent un des temps forts du film Amadeus, de Milos Forman (1984). Si l'opéra filmé ne vous fait pas trop peur, sachez qu'Ingmar Bergman en a aussi fait une adaptation fidèle, sortie en 1975.
Aida (Verdi)
[Opéra Bastille] Bim bam boum, ça claque des percus et ça crie dans tous les sens, c'est "Dies Irae", extrait de l'opéra Aida, de Giuseppe Verdi. Quentin Tarantino a collé cette musique sur la scène du Ku Klux Klan assaillant les protagonistes à cheval avec leur chiffon troué sur la tête, dans Django Unchained. Coïncidence ? Aida raconte l'histoire d'une esclave éthiopienne... Dommage néanmoins que Tarantino ait coupé la musique si vite au montage.
La Clemenza di Tito (Mozart)
[Palais Garnier] Autre œuvre de Mozart, que je ne connais pas du tout, La Clemenza di Tito. Wikipédia m'informe que l'histoire de cet opéra a inspiré le réalisateur tchadien Mahamat Saleh Haroun, avec Daratt (2006).
La Bohème (Puccini)
[Opéra Bastille] Tout comme I Puritani, un extrait de La Bohème, de Giacomo Puccini, figure au générique de Fitzcarraldo.
Tristan und Isolde (Wagner)
[Opéra Bastille] Là, je m'attends à un grand moment. L'œuvre de Richard Wagner Tristan und Isolde sera ma petite folie l'an prochain. C'est en effet l'ouverture de cet opéra qui ouvre Melancholia, de Lars Von Trier (2011), un des plus beaux films de ces dernières années. Des oiseaux qui tombent du ciel, une horloge énigmatique dans un jardin vide : la pesanteur du temps et de l'espace symbolisés en deux plans. Fabuleux.
La Traviata (Verdi)
[Opéra Bastille] "La première fois que quelqu'un voit un opéra, souvent il réagit d'une façon très forte. Ou il adore, ou il déteste." Cette phrase ne vous dit rien ? Essayons la réplique qui suit, quelques minutes plus tard : "J'ai failli faire pipi dans ma culotte." Richard Gere, Julia Roberts... Eh oui ! les deux tourtereaux vont voir La Traviata de Verdi à l'opéra dans Pretty Woman. Et on comprend qu'elle pleure autant.
La Vestale (Spontini)
[Théâtre des Champs-Elysées] Ce n'est pas le passage le plus fameux de Philadelphia, de Jonathan Demme (1993), mais cet air extrait de La Vestale y figure aussi. Et ça reste très beau.
Le Barbier de Séville (Rossini)
[Théâtre des Champs-Elysées] A ma grande surprise, l'ouverture du Barbier de Séville, de Gioachino Rossini, accompagne le film d'action Kick-Ass, de Matthew Vaughn. Il est malheureusement impossible de retrouver sur internet l'extrait qui correspond.
Tancrède (Rossini)
[Théâtre des Champs-Elysées] On finit en beauté avec une œuvre d'André Techiné. L'ouverture de Tancrède, du même Rossini, est utilisée dans son film Les Sœurs Brontë (1979), avec Isabelle Huppert, Marie-France Pisier et Isabelle Adjani. Je vous laisse savourer.
Il sera évidemment bien trop cher d'aller tout voir, mais au moins une ou deux représentations m'attirent vraiment : Tristan und Isolde, pour son romantisme terne, et La Traviata, parce qu'il faut l'avoir vu au moins une fois dans sa vie ! Et vous ?