Après avoir sillonné l’Amérique du Nord dans les deux sens, le tétraplégique Samuel Marie s'est octroyé une pause de quelques mois avant d’attaquer la seconde partie de son tour du monde... Franceinfo l'a retrouvé à Paris pour faire le bilan de la première partie de son voyage et recueillir ses attentes pour la suite.
"Ce que je retiendrai de mes 5 mois et demi en Amérique du Nord, c'est mon contact avec les Américains et les Canadiens, leur extrême gentillesse", estime Samuel Marie. "Loin des clichés que j'entendais en Europe réduisant les Américains aux excès de Trump et à ses tweets, ils m'ont partout filé des coups de main, m'hébergeant sans me connaître dans leur maison dans la forêt ou tractant mon camion quand il était en panne."
C’est ainsi que ce Français tétraplégique de 30 ans dresse le bilan de la première partie de son tour du monde. Un périple amorcé en juillet dernier, un "HandiRoad trip" comme il le qualifie. Ce défi, Samuel Marie se l’est lancé après un accident professionnel en 2008 qui l’a privé de l’usage de ses jambes. Au volant de son camion adapté de plus de 7 mètres, il a déjà réalisé 35 000 kilomètres.
L’Asie en ligne de mire
Comparé à la France, qu’en est-il du niveau du Canada et des Etats-Unis en matière d’accessibilité ? "Là-bas, c’est une philosophie. Les gens pensent accessibilité naturellement de manière beaucoup plus globale qu'ici. C'est dans leur culture, dans leur mentalité", reconnaît l’intéressé. "C’est pas comme en France où on améliore des petites choses, mais dès qu'il y a un défi technique alors on ne fait plus rien. Prenez le métro parisien, il est très majoritairement inaccessible aux fauteuils roulants."
L’exemple n’est pas pris au hasard. Avant d’attaquer la seconde partie de son tour du monde, Samuel Marie est en effet de passage à Paris. C’est au camping de la capitale, en bordure du bois de Boulogne, que nous l’avons rencontré. Il y séjourne avec sa compagne Lise Aulagnon. De la ville où il vit, Grenoble, il est monté à la capitale à la rencontre de Nour, une jeune fille handicapée de 13 ans (elle aussi en fauteuil roulant) qui se prépare à réaliser un tour de Corse en fauteuil adapté. Un voyage qui doit débuter le 14 avril, et que Samuel Marie a décidé de parrainer.
Mais si Lise est là, c'est également pour épauler son compagnon dans la préparation de la seconde partie de son aventure. D’autant plus qu’elle a prévu de l’accompagner ! Lise et Samuel se sont rencontrés il y a 3 ans. Infirmière de formation, Lise partagera la vie de Samuel pendant les 5 mois du second volet de son périple, lui dispensant également ses soins quotidiens.
Un voyage de 30 000 kms jusqu’à Pékin
Pour cette seconde boucle dont le coup d’envoi sera donné le 4 juin, le couple prévoit de traverser une quinzaine de pays et de parcourir au total près de 30 000 kilomètres. En commençant par la République Tchèque et la Pologne, puis la Biélorussie, la Russie, avant de filer à travers la Mongolie et la Chine, le défi sera de rejoindre Pékin. Au retour, Samuel et Lise couperont par l’empire du milieu pour rejoindre la mythique route de la Soie... en passant par l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, (de nouveau) la Russie, la Géorgie, et enfin la Turquie et sa capitale Istanbul.
"Que de découvertes en perspective ! De quoi renforcer nos liens", confie Lise. Et puis pour rallier la France d'Istanbul, les amoureux comptent faire un détour par les côtes ensoleillées de Grèce, de Croatie et d'Italie. "C’est moi qui ai tenu à passer par là pour en profiter au maximum", lâche la jeune femme. "Ce voyage, c'est notre bébé."
Peur de la panne ? "Dans un tel voyage, la galère fait partie du jeu. Mais nous partons dans le cadre du Paris-Pékin-Istanbul en camping-car organisé par la FFCC (Fédération des campeurs, caravaniers et camping-caristes ndlr). Nous suivrons leur itinéraire, et serons dans ce cadre accompagnés d’un mécanicien au cas où", explique Lise. "C’est rassurant."
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