Les capucins bruns (Cebus apella) viennent d’être transférés de la Ménagerie du Jardin des Plantes au Parc zoologique de Paris. Deux d'entre eux sont issus du milieu naturel. Pour le Parc zoologique de Paris, cette arrivée représente la possibilité de voir s'agrandir cette population d'individus purs et la potentielle officialisation d'un programme d'élevage auquel il participe.
Lundi 3 mars au matin, vétérinaires, curateurs et soigneurs du Parc zoologique de Paris et de la Ménagerie du Jardin des Plantes s’affairent pour transférer le groupe de capucins bruns (Cebus apella apella). Avant la mise en caisse, les primates passent par la case vétérinaire avec un check-up complet : pesée, prise de sang, échographie, ECG et test de dépistage de la tuberculose. C’est que le Parc zoologique de Paris fonde beaucoup d’espoirs sur ce groupe de capucins potentiellement reproducteur. "Potentiellement" car le groupe, formé l’été dernier à la ménagerie témoigne d'une histoire complexe.
Deux femelles "wild-born" au lourd passé
D’abord il y a Kourou, le mâle, né en 2007 à l’espace zoologique de Saint Martin la Plaine et transféré en avril 2013 à la Ménagerie du Jardin des Plantes. Et puis il y a aussi et surtout les deux femelles, Camopi et Cayenne, 40 ans à elles deux, directement débarquées de Guyane et arrivées en 2011 à la Ménagerie. Avant de fouler le sol de la métropole, les deux femelles ont vécu dix huit ans chez un particulier, sans autorisation de détention. Confisquées par l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage), elles ont été placées provisoirement au zoo de Guyane avant que celui-ci ne lance un appel à placement. Si le Parc zoologique de Paris n’y avait pas répondu, elles couraient le risque d’être euthanasiées. Or, ces deux guenons capucines sont très importantes génétiquement.
En effet, le Capucin brun de Guyane fait l’objet d’un programme d’élevage, pas encore officialisé par l’EAZA (Association européenne des Zoos et Aquariums), mis en place en 1983 par le Muséum de Besançon. Camopi et Cayenne, les deux femelles, représentent donc deux fondatrices pour ce programme d’élevage - dans lequel les mâles fondateurs sont majoritaires - et la garantie de sang neuf dans son évolution. On entend par « fondateurs » les premiers individus issus du milieu naturel et à l’origine du programme d’élevage en captivité.
Un parti pris de présenter une espèce guyanaise constituée d'individus purs
L’EAZA recommande aux parcs zoologiques la détention d’une espèce de capucins issue du Brésil, le capucin à poitrine jaune, "en danger critique" selon l’UICN. Mais pour le Parc zoologique de Paris, c’est un parti pris de présenter une espèce guyanaise. En effet, cette dernière est constituée d’individus purs, tandis que 90% des capucins en captivité sont hybrides.
Si la présence de cette espèce est lourde de sens, l'équipe animalière en charge des primates ne dissimule pas ses espoirs de voir le groupe s’agrandir. « Théoriquement les deux femelles peuvent se reproduire, mais leur histoire est tellement lourde qu’on ne peut pas le certifier. Le groupe a été formé cet été, on manque encore de recul pour estimer les possibilités de reproduction » explique Delphine Roullet, gestionnaire de la collection primates.
Patience donc avant de voir la famille s’agrandir. En attendant, l’officialisation par l’EAZA du programme d’élevage de l’espèce devrait être étudiée cette année.
Pour en savoir plus rendez-vous sur le site du Parc zoologique de Paris