Le gouverneur de Tunis, Omar Mansour, l’a martialement annoncé le 26 juin 2017 : désormais, les étalages anarchiques dans les rues et sur les trottoirs de la capitale tunisienne devront se conformer à la loi. Mais même dans le domaine aride de la loi, rien n’est simple…
Né en le 27 janvier 1958, Omar Mansour a occupé certaines des plus hautes fonctions judiciaires de son pays : président de chambre à la Cour de cassation, doyen des juges d’instruction, procureur de la République, ministre de la Justice. Depuis le 15 septembre 2016, il est gouverneur de Tunis.
A ce titre, il a lancé une campagne contre la prolifération des étals sur les trottoirs de la capitale. «Nous avons prévenu toutes les personnes concernées, et nous leur avons accordé un délai. Maintenant la loi sera strictement appliquée. Tous ceux qui veulent s’organiser sont les bienvenus !», a-t-il affirmé dans une interview à la radio Shems FM.
Une simple promenade dans les rues de Tunis montre que le gouverneur a devant lui beaucoup de travail. Car les trottoirs de la capitale sont parfois très encombrés par des éléments de toutes natures, comme le montrent ces quelques photos tirées de Facebook ou Twitter…
#onlyintunisia passage commun pour les camions et les pietons #winou_trottoir pic.twitter.com/Tko6eCSzK0
— Noomen (@Noomen9) 14 décembre 2015
#winoutrottoir#winha_baladia (@ Marché Municipal de l'Ariana) https://t.co/nhFZJVOKmVpic.twitter.com/OIjJI9jo8g
— Noomen (@Noomen9) 26 septembre 2015
La revanche d'un trottoir ... #Lac2 #Winou_Ettrotoire #Tunisie pic.twitter.com/aMdXAQAF2i
— The Godfather (@Al_Pacino_) 11 septembre 2015
«Winou Etrottoir»
Un collectif de citoyens s’est regroupé sur Facebook pour dénoncer la situation. Son nom «Winou Etrottoir», «Où est le trottoir ?». Et le succès est au rendez-vous. La cause est «emblématique», car le trottoir, à la sortie du domicile, est le «premier contact avec l’espace public», souligne, dans Le Monde, l’un des animateurs du mouvement, l’architecte Sahbi Gorgi.Problème : la loi existe, mais elle n’est pas forcément respectée. Dans ce contexte, certains n’en font qu’à leur tête. Et occupent le trottoir sans vergogne. La mairie peut prendre des arrêtés de démolition contre des terrasses de café très envahissantes. Mais ces arrêtés ne seront pas forcément exécutés.
Vraisemblablement piquées au vif par les réactions citoyennes, les autorités ont donc décidé de réagir, à l’heure de la campagne anti-corruption du gouvernement. A son poste, le juriste Omar Mansour semble tout désigné pour mener cette croisade.
Certains, déjà, lui rendent hommage en lui adressant «Un grand Merci». «La capitale reprend son charme. Un homme de poigne, courageux, qui applique la loi contre les hors-la-loi», peut-on lire ça et là.
«La loi contre les hors-la-loi» ? Reste à voir si le gouverneur de Tunis saura s’attaquer à la fois aux petits étals anarchiques, et aux somptueuses villas en infraction des quartiers chics de la capitale.
Mais d’ores et déjà, il semble que le juriste Omar Mansour ignore certains aspects de la loi qu’il est chargé de faire respecter.
Le 26 juin, il a ainsi médiatisé une opération d’inspection nocturne. Les journaux tunisiens le montrent souriant, installé sur le siège passager d’une moto conduite par un policier. Celui-ci est casqué. Mais le gouverneur, lui, a omis de se munir du couvre-chef protecteur. Et réglementaire. Il a, semble-t-il, oublié l’article 73 du Code de la route tunisien (édition 2008): «Tout conducteur d'un motocycle à deux roues autorisé à circuler doit utiliser un casque répondant aux conditions fixées par arrêté du ministre chargé des transports. Cette condition s’applique aussi au passager». Dura lex, sed lex. La loi est dure mais c’est la loi.