En 2016, le tourisme tunisien, en crise depuis une série d'attentats djihadistes en 2015, a limité les dégâts avec près de six millions de visiteurs grâce aux marchés russe et algérien, selon le directeur de l'Office national du tourisme (ONTT). Les Français, notamment, commencent à revenir. Lentement. Tandis que l’on voit apparaître des touristes chinois.
Depuis les attentats du Bardo (mars 2015) et de Sousse (juin 2015), revendiqués par le groupe Etat islamique (60 morts, dont 59 visiteurs étrangers), la part de l’activité touristique est tombée de près de 10% du PIB à 7%, selon les statistiques officielles.
2016 a toutefois été «une première année sur le chemin du retour à la normalité. (...) Nous avons dépassé 5,7 millions de touristes», contre 5,3 millions en 2015, a déclaré Abdelattif Hmam. D'après lui, cette timide reprise s'explique principalement par les «performances» des marchés russe (623.000 visiteurs) et algérien (1,8 million).
Pour la Russie, la hausse est spectaculaire : près de 800% à fin septembre ! Et ce du fait du contexte géopolitique qui a détourné les Russes de la Turquie et de l'Egypte.
Autre marché porteur : celui des Chinois (120 millions d’entre eux voyagent à l’étranger). Pour ces derniers, la Tunisie est la destination la plus en vogue, derrière le Maroc. Il faut dire que les citoyens de l’Empire du Milieu peuvent désormais débarquer sans visa sur les bords de la Méditerranée. A condition que leur séjour ne dépasse pas deux semaines.
1,1 million de Français en moins
Sur le marché historique français, la situation est en revanche restée morose. «Nous étions montés jusqu'à 1,5 million d'entrées. En 2016, nous en sommes à 400.000», a noté le patron de l'ONTT, qui espère repasser au-dessus des 500.000 cette saison. De leur côté, les agences de voyage françaises constatent «depuis deux mois une reprise de l'activité» pour la destination Tunisie. Selon Entreprises du Voyage (nouvelle appellation du Syndicat national des agents de voyage), organisme cité par Le Figaro, les réservations ont bondi de 66% en novembre et de 39% en décembre. La situation est encore plus délicate pour les touristes britanniques. Au moment de la tuerie de Sousse (38 morts dont 30 Britanniques), on en attendait un demi-million. Depuis, les autorités du Royaume-Uni déconseillent tout voyage non essentiel en Tunisie. Selon Abdellatif Hmam, aucune modification n'est à attendre tant qu'un procès de proches de victimes est en cours en Grande-Bretagne.
Un facteur d’optimisme : ces derniers mois, le pays a enregistré le retour de bateaux de croisière pour la première fois depuis le drame du Bardo, dont la majorité des victimes étaient des croisiéristes. Pour autant, aucun grand groupe n'est encore concerné. Mais cela «redonne de la confiance», estime Abdellatif Hmam.