La Tunisie a annoncé le 20 juin 2016 la prolongation, pour un mois, de l'état d'urgence en vigueur dans tout le pays depuis l'attentat-suicide qui a visé un bus de la garde présidentielle à Tunis en novembre 2015.
Cette mesure d'exception permet notamment aux autorités d'interdire les grèves et les réunions «de nature à provoquer ou entretenir le désordre». Elle permet aussi de fermer provisoirement «salles de spectacle et débits de boissons» ainsi que de «prendre toute mesure pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature».
Le président tunisien avait proclamé l'état d'urgence dans tout le pays et un couvre-feu dans le Grand Tunis le 24 novembre, dans la foulée de l'attentat revendiqué par le groupe Etat islamique (EI) contre un bus de la sécurité présidentielle, qui avait fait 12 morts. Si le couvre-feu a été rapidement levé, l'état d'urgence a, lui, sans cesse été renouvelé, la dernière fois en mars pour trois mois.
En 2015, la Tunisie a été frappée par trois attentats majeurs revendiqués par l'EI. Outre celui contre la garde présidentielle, 59 touristes et un policier ont été tués en mars dans une attaque au musée du Bardo dans la capitale et lors de deux autres, en juin sur une plage et dans un hôtel près de Sousse (est).
Le 7 mars 2016, des dizaines de djihadistes ont en outre attaqué des installations sécuritaires à Ben Guerdane, ville à la frontière avec la Libye.
Le tourisme en plein désarroi
Depuis ces différentes attaques, l’activité touristique tunisienne, qui pourrait représenter jusqu’à 20% du PIB du pays, a vu ses recettes plonger : - 51,7% au premier trimestre 2016 par rapport à la même période de 2015. Toujours en 2015, le nombre de touristes européens avait déjà plongé de 65,8% par rapport à 2010 (année de référence pour le secteur juste avant la renversement de la dictature en janvier 2011).
Les autorités de Tunis font des efforts désespérants pour tenter de ramener les visiteurs. «La sécurité est notre priorité», a déclaré fin mai la ministre du Tourisme, Selma Elloumi. «Il ne peut pas y avoir de reprise sans sécurité», a-t-elle ajouté. Selon la ministre, la sécurité, jugée défaillante lors des attaques de 2015, s'est amélioré.
Après l'attentat de Sousse, le chef du gouvernement Habib Essid avait reconnu que la police avait été trop lente à intervenir. Actuellement, alors que débute la haute saison et que le pays est toujours sous état d'urgence, des policiers en uniforme ou en civil sillonnent les plages de l'île de Djerba (sud) et de Yasmine-Hammamet en quad, à cheval ou à pied.
«Toute personne qui nous semble suspecte, même s'il s'agit d'un vacancier, nous lui demandons ses papiers», a affirmé à l'AFP un policier, en rappelant que l'assaillant de Sousse avait caché son arme dans un parasol. Après cette attaque, les autorités ont obligé les hôtels à prévoir leurs propres installations de sécurité, insistant sur la nécessité de partager la surveillance.
Au niveau diplomatique, la Tunisie tente de convaincre les Européens que tout est fait pour garantir leur sécurité. Le 27 juin, elle a ainsi exhorté le Royaume-Uni à ne plus déconseiller le pays à ses ressortissants. 30 Britanniques avaient été tués lors de l’attaque de Sousse le 26 juin 2015. Un an après, «toutes les mesures de sécurité» ont été prises, répète-t-on à Tunis.
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