Tunisie: le retour de Hannibal, le vainqueur des Romains

Le buste d'Hannibal présenté au Musée national du Bardon à Tunis (DR - capture d'écran du site kapitalis.com)

Le Musée national du Bardo à Tunis accueille, du 27 mai au 30 juin, dans le cadre d’une exposition intitulée «Hannibal à Carthage», un buste en marbre du célébrissime général carthaginois (247-entre 183 et 181 avant notre ère). Lequel vainquit les Romains en Italie après avoir fait passer ses troupes avec leurs éléphants par les Alpes. Un retour qui est tout un symbole...

Le fils du pays est là, trônant dans le plus beau musée tunisien : Hannibal Barca soi-même. Le buste en marbre (surnommé aussi buste de Capoue), propriété du palais du Quirinal à Rome (Italie), l’une des résidences officielle de la présidence italienne, daterait en fait de la seconde moitié du XVIe siècle. En raison de l’absence de représentations antiques du chef carthaginois, il est considéré comme une image de référence. Mais rien ne dit que cette image soit vraiment proche de celle du «vrai» Hannibal. Qui conserve ainsi tout son caractère mythique…

Pour la Tunisie, en tout cas, le généralissime est un symbole de la grandeur passée de Carthage. Ce n’est pas un hasard si le buste figure sur les billets de 5 dinars. L’exposition a une valeur symbolique historique et culturelle permettant de retrouver l'un des symboles de l'histoire de la Tunisie et de réconcilier les Tunisiens avec leur histoire et leur identité plurielle, a déclaré la ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, Sonia Mbarek, citée par l’agence TAP.

Quand l’Histoire est appelée pour venir en aide à la politique contemporaine… «Cette exposition dans ce lieu de paix, de vivre ensemble, de dialogue et de culture, est également symbolique étant donné qu'elle illustre l'importance des liens de partenariat et de coopération italo-tunisienne dans le domaine culturel et archéologique, très anciens et ancrés dans l'Histoire», a dit la ministre.

Les Alpes en plein hiver
L’histoire d’Hannibal, justement, quelle est-elle ? En l’an 218 avant notre ère, le général entend porter la guerre en territoire romain lors de la Seconde guerre punique. Il part de Carthagène dans la péninsule ibérique avec plusieurs dizaines de milliers d’hommes (notamment des mercenaires grecs et ibères) et une quarantaine d’éléphants. Il fait passer à tout ce petit monde la rivière Ebre, les Pyrénées, le Rhône. Et surtout les Alpes en plein hiver. Pour déboucher dans la péninsule italienne au grand effroi des Romains.

«Fin stratège, le Carthaginois (les) bat à Trasimène et surtout à Cannes, un des plus grands affrontements de l’Antiquité, où 70.000 légionnaires (…) trouvent la mort. C’est la plus grande défaite de l’histoire romaine», explique le site lesbelleslettres.com. Le Carthaginois fut «sans doute la plus grande menace que la République romaine ait affrontée», a expliqué le professeur italien Giovanni Brizzi, de l’université de Bologne (Italie), lors d’une conférence au Bardo le 27 mai.

Il y a l’Histoire. Il y a aussi la légende et le mythe. Outre ses qualités de grand homme politique et militaire, Hannibal était l’un des plus grands stratèges au monde, comme Napoléon, a estimé l’universitaire italien. En se lançant à la conquête de l’Italie, Bonaparte utilisera d’ailleurs à son compte la figure d’Hannibal. Selon les historiens, le général carthaginois se serait lui aussi efforcé de laisser sa trace pour la postérité. Il aurait ainsi embarqué «des littérateurs» dans son odyssée italienne : Chairéas, Sosylos, Sylénos. Il sera ainsi «comparé à Alexandre le Grand, et même placé dans la filiation d’Héraclès», le héros de la mythologie grecque, fils du Dieu Zeus et de la mortelle Alcmène…

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Publié par Laurent Ribabeau Dumas / Catégories : Non classé