Le président du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, a annoncé qu'il allait porter plainte contre le site Inkyfada chargé du volet tunisien des Panama Papers, l'accusant d'avoir cité son nom «sans justification».
Dans le cadre de son enquête sur les fameux Panama Papers, Inkyfada a publié le 16 avril 2016 un article sur une société liée à la chaîne de télévision TNN (Tunisia News Network), elle-même «société offshore», selon le site, et considérée comme proche des islamistes. Rached Ghannouchi est cité dans l'enquête comme ayant fait partie du réseau professionnel du directeur de cette chaîne, Fathi Jaouadi. Ce dernier «a vécu longtemps en Angleterre pendant la dictature de Ben Ali. C’est là qu’il a fait la connaissance d’une partie de ses futurs associés mais aussi côtoyé des cadres exilés du parti Ennahda».
Pour tout dire, l’affaire et ses connexions, une myriade d’entreprises ainsi qu’un vaste réseau relationnel, sont assez complexes, pour ne pas dire fort touffues. Fathi Jaouadi a notamment assumé «le poste de secrétaire au sein de la société Ezzeitouna For Islamic Information, une société créée en 2000 par Rached Kherigi (Ghannouchi), président et leader historique d’Ennahda, et dissoute en 2003». Il est aussi question de Jasmin Prod, «société propriétaire de TNN». Et du Maghreb Centre for Islamic Studies, «une société créée en 1994 et dissoute en 2015», précise Inkyfada. «Plusieurs personnes ont assumé le poste de directeur de cette société, dont Rafik Bouchlaak (Abdessalem), gendre de Rached Ghannouchi et ancien ministre des Affaires étrangères». Autant d’éléments qui ne font pas du dirigeant islamiste un accusé.
«Poursuites judiciaires»
Ce dernier a réagi très rapidement.
«Après la publication par le site Inkyfada d'informations sur une société citée dans les ‘‘Panama Papers’’, certains médias ont fait entrer le nom du président du mouvement Ennahda, le cheikh Rached Ghannouchi, dans l'affaire et fait croire qu'il était cité dans les documents afin de souiller son nom», indique un communiqué publié dès le 16 avril sur la page officielle de M. Ghannouchi sur Facebook.
Le bureau du responsable politique se dit «étonné par la manière dont Inkyfada a écrit l'information, citant délibérément le nom du président du mouvement et de certains de ses dirigeants en exil sans justification». «Des poursuites judiciaires contre ce site calomniateur et ses responsables» vont être lancées, annonce le texte.
Réaction de la directrice éditoriale d'Inkyfada, Monia Ben Hamadi, recueillie par l’AFP : «Rached Ghannouchi accuse certains médias d'avoir affirmé que son nom figurait dans les ‘‘Panama Papers’’, ce que nous n'avons jamais dit. Nous ne nous sentons pas concernés par ses accusations et nous nous demandons quels seront les motifs qui pourraient justifier sa plainte».
Mohsen Marzouk, un homme politique tunisien cité dans un autre article d'Inkyfada, avait déjà annoncé qu'il allait porter plainte contre le site pour diffamation. Il était cité dans des documents du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca à la suite d'une demande de renseignements, manifestement restée sans suite, pour la création d'une société offshore. Inkyfada a été victime d'une cyber-attaque quelques heures après ses premières publications sur les Panama papers.