Les Tunisiens lisent-ils encore?

A la Foire du livre de Tunis le 7 novembre 2012 (AFP - Fethi Belaid)

La Foire du livre de Tunis a démarré le 27 mars 2016 (et se termine le 3 avril). Mais à propos, qu’en est-il de la lecture dans le pays? Les Tunisiens lisent peu, affirme un récent sondage. Lequel révèle aussi que les jeunes se plongent davantage dans les ouvrages que les moins jeunes.

L’enquête d’EMRHOD Consulting, intitulée Les Tunisiens et la lecture de livres, a été réalisée par téléphone entre le 24 et le 27 mars 2016 auprès de 1000 personnes censées être représentatives de la population tunisienne, tant en zone urbaine qu’en zone rurale.

A la question «Au cours des 12 derniers mois, avez-vous lu personnellement un livre?», 77% des sondés répondent non. A la notable exception du Coran. 18% ont répondu par l’affirmative.

74% des sondés ne possèdent pas d’autres livres que le Coran et des manuels scolaires (ils lisent apparemment aussi des journaux et des revues). Contre 24% qui disent avoir plusieurs sortes de livres chez eux. Au cours des 12 derniers mois, 14% en ont acheté un, contre 82% qui n’en ont acheté aucun.

L’enquête semble montrer que les Tunisiennes lisent plus que les Tunisiens: 21% des sondées disent avoir lu un livre au cours de ces derniers mois, contre 15% des sondés.

Moins de temps libre
Autre information intéressante : si le sondage dit vrai, les plus mauvais lecteurs sont les adultes, en l’occurrence les tranches 35-45 ans (10% disent lire) et 46-55 ans (8%). Les meilleurs lecteurs seraient les jeunes : 18-25 ans (28% disent lire) et 26-34 ans (18%). Ils précèdent les tranches les plus âgées de la population : 56-65 ans (13%) et les plus de 65 ans (12%). Comme quoi les écrans et le numérique n’ont pas forcément tué la lecture chez les jeunes générations…

Comment expliquer ce (relativement ?) faible nombre de lecteurs parmi les Tunisiens. Ces derniers préfèreraient consacrer leur temps libre «à d’autres loisirs comme Facebook», pense le journal L’Economiste Maghrébin. Peut-être aussi n’ont-ils «plus de temps libre», ajoute-t-il…

Les prix peuvent également constituer un obstacle. «Les livres en arabe sont assez abordables, ce qui n’est pas le cas pour les livres en français qui peuvent coûter jusqu’à 50 dinars (21,81 euros, NDLR) (…). Chaque année, les prix augmentent alors que nos budgets restent les mêmes», a expliqué à L’Economiste Maghrébin une jeune femme rencontrée sur la Foire du livre de Tunis.

Des tendances somme toute assez comparables à ce que l’on observe de ce côté de la Méditerranée. Même si en France, le marché du livre a relevé la tête en 2015 avec une croissance de 1,8%.

 

Publié par Laurent Ribabeau Dumas / Catégories : Non classé