Libye: un raid américain vise notamment des Tunisiens

Sur les lieux visés par un raid américain à Sabrata (Libye) le 19 février 2016 (Reuters - Sabratha Municipality Media Office)

Des avions américains ont mené le 19 février 2016 un raid contre un camp d'entraînement du groupe Etat islamique (EI) en Libye. L’attaque a fait plus de 40 morts dont «probablement» un chef de l'organisation djihadiste. Selon le journal de Tunis La Presse, la plupart des personnes tuées sont des Tunisiens, nombreux à avoir rejoint les rangs de l’EI en Libye voisine.

Le raid aérien, «très précis», a visé à l'aube un bâtiment de deux étages abritant des djihadistes à Sabrata, à 70 km à l'ouest de Tripoli, ont indiqué des responsables libyens.

A Washington, un responsable militaire américain a affirmé que le raid avait «probablement provoqué la mort du cadre opérationnel de l'EI Noureddine Chouchane». Ce Tunisien est soupçonné d'être derrière deux attentats en Tunisie l'an dernier: contre le musée du Bardo à Tunis en mars (22 morts) et contre un hôtel près de Sousse en juillet (38 morts).

«La maison était louée par des étrangers dont des Tunisiens probablement membres de Daech (acronyme en arabe de l'EI). Des armes, dont des fusils et des roquettes RPG, ont été trouvées sous les décombres» de la maison qui a été entièrement détruite, a précisé la municipalité de Sabrata. Selon son chef, Hussein al-Dawadi, l'un des blessés interrogés par les forces de sécurité «a raconté être venu (dans le camp) avec d'autres personnes pour s'entraîner au combat«Le groupe qui les avait emmenées là leur avait bandé les yeux pendant tout le trajet», a-t-il ajouté.

Dans le passé, les autorités tunisiennes ont affirmé que les djihadistes auteurs d'attaques en Tunisie, pays voisin de la Libye, s'étaient entraînés dans des camps à Sabrata.

C'est la seconde fois en trois mois que les Etats-Unis mènent des frappes ciblées contre l'EI en Libye, pays plongé dans le chaos depuis 2011. Le 13 novembre 2015, un bombardement, mené par des F-15, avait tué l'Irakien Abou Nabil, présenté alors par Washington comme «le plus haut responsable de l'EI en Libye».

Outre ce raid, les Etats-Unis ont pris pour cible d'autres groupes djihadistes en Libye. En juin 2015, une frappe avait ainsi visé le chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, lié à Al-Qaïda. Son groupe avait cependant démenti sa mort.

Responsable d'attentats sanglants et d'exactions, l'EI est installé en Libye depuis 2014. 5000 de ses militants y seraient installés. L’organisation djihadiste profite du chaos dans lequel est plongé le pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Il contrôle la ville de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, et ses environs.

Les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux s'alarment du fait que la Libye est en train de devenir un nouveau pôle d'attraction pour les djihadistes. Mais pour l’instant, ils refusent d’évoquer la possibilité d'une intervention militaire.

En décembre 2015, le Pentagone avait admis qu'un groupe de soldats des forces spéciales américaines qui s'était rendu en Libye pour «développer les relations» (sic) avait été expulsé du pays peu après son arrivée. Ce qui ne veut pas dire que ces forces n’opèrent pas de manière clandestine…

Publié par Laurent Ribabeau Dumas / Catégories : Non classé