La Tunisie, grande productrice de dattes, est menacée par le charançon rouge, un insecte coléoptère qui s’attaque pour l’instant aux palmiers d’ornement du Grand Tunis. L’affaire touche d’autant plus les Tunisiens que la perte des palmiers entraînerait avec elle «la perte d’un des symboles» de leur pays, selon le site tuniscope.com.
L’affaire est d’importance. La Tunisie compterait quelque 40.000 ha de palmeraies dans le sud du pays produisant 200.000 tonnes de dattes par an. D’où les titres alarmistes de la presse locale sur le charançon rouge, «tueur de palmiers».
La bestiole «est une espèce d'insectes coléoptères appartenant à la super-famille des Curculionoideae et à la sous-famille des Rhynchophorinae, tribu des Rhynchophorini, et du genre Rhynchophorus», nous apprend Wikipedia. Originaire de l’île de Bornéo, elle serait arrivée en Tunisie en 2011, favorisée «par le commerce du palmier ornemental» (Le Temps). Elle a apparemment aussi envahi l’Europe (l’Espagne, l’Italie et la France, notamment) via l’Egypte.
L’insecte forme des poches dans les arbres, le «rongeant de l’intérieur jusqu’à la mort», observe Kapitalis. «Mais que fait donc l’Etat (tunisien) ?», demande le site sur le ton du «faut que-y a qu’a»… Selon lui, «si l’Etat tarde encore à intervenir, les palmiers dattiers risquent eux aussi la contamination». Ce qui serait évidemment catastrophique pour un pays, grand exportateur de dattes, en pleine tourmente économique.
Pour autant, les autorités ne sont pas restées inactives, du moins si l’on en croit le ministre de l’Agriculture, Saad Sedik, cité par l’AFP. Au 11 février 2016, selon des chiffres officiels, elles ont traité préventivement près de 4000 palmiers sur les 29.000 du Grand Tunis et d’Utique (gouvernorat de Bizerte, nord) dans le cadre d’un plan de lutte approuvé par le gouvernement en septembre 2015. Et elles ont récemment mis en place un numéro vert pour que les habitants puissent signaler les arbres touchés.
«L'intervention est immédiate et systématique sauf pour les palmiers qui ont dépassé (un certain stade) d'infestation. (A ce niveau-là, il faut avoir recours à) l'élimination» de l’arbre, a affirmé Saad Sedik.
Endothérapie
Le plan du gouvernement prévoit notamment «la prospection sur le terrain, l'intervention par l'injection (de produits chimiques dans les palmiers, dite endothérapie), l'élimination des pieds infestés et la mise en place de pièges pour cet insecte», a-t-il expliqué. Le ministre a dit espérer que d'ici fin mars, les autorités auront fait «ce que l'on doit faire» contre le charançon rouge. Mais «le programme va s'étaler sur 2016 et 2017 pour le suivi, le contrôle et les interventions au cas où», a-t-il encore dit.
Une chose est sûre : la lutte contre le charançon a l’air tout sauf facile. Les méthodes semblent assez dangereuses dans la mesure où il faut avoir recours à des produits chimiques. Les solutions bio sont certes «‘‘politiquement correctes’’» mais ne semblent «pas très efficaces pour sauver les palmiers», dixit le site agriculture-environnement.fr…
Face à cette situation scientifiquement compliquée, l’enjeu reste évidemment d’ordre économique. Mais il ne faut pas négliger son aspect symbolique. «Le palmier est l’une des plus anciennes plantes sur notre planète», estime le site du quotidien Le Temps. Un arbre cité «dans plus d’un verset coranique», précise la même source (comme dans la sourate 19). Il l’est aussi dans la Bible (psaume 92.12) et dans les Evangiles.