Voilà une «alerte» qui ne va pas arranger les affaires de la Tunisie : le Département d’Etat américain, équivalent du Quai d’Orsay, a averti le 31 août 2015 les citoyens des Etats-Unis «des risques que présentent les voyages» dans ce pays du Maghreb en raison des attaques terroristes de mars et juin…
Sans donner d’informations précises, l’«alerte» américaine évoque notamment des «possibilités d'enlèvements» pour les citoyens américains. Des risques qui n’avaient pas été évoqués jusque-là. Interrogée notamment sur ce point, l’ambassade des Etats-Unis à Paris se contente de répondre de manière sibylline que les citoyens américains doivent être «alertés sur ces possibilités» et que cette alerte «parle pour elle-même» («speaks for itself»). On n'en saura donc pas plus.
D’une manière générale, le Département d’Etat rappelle que ses ressortissants doivent exercer une «extrême vigilance» quand ils se rendent dans des lieux visités par un grand nombre d’étrangers, tels qu’«hôtels, centres commerciaux, sites touristiques et restaurants». Et de rappeler que les attaques du 18 mars et du 26 juin 2015, revendiquées par l’organisation Etat islamique, ont visé le musée archéologique du Bardo à Tunis et deux hôtels de Sousse (est).
Malgré les mesures de sécurité prises par les autorités, la Tunisie reste instable, avertit Washington. «Des mouvements de protestation, des manifestations et des troubles civils peuvent se produire, sans prévenir, dans tout le pays». «Les citoyens américains doivent éviter les grandes foules et les manifestations, dans la mesure où de tels mouvements, présentées comme pacifiques, peuvent s’avérer imprévisibles».
Pour le reste, les recommandations du Département d’Etat sont similaires à celles émises par le ministère français des Affaires étrangères. Lequel conseille à ses ressortissants de «faire preuve de vigilance renforcée».
De son côté, Londres, qui a perdu 30 ressortissants (sur 38 personnes tuées) dans l’attentat de Sousse, considère que malgré les mesures prises par la Tunisie, «de nouvelles attaques terroristes (dans le pays) sont hautement probables».
La Tunisie est notamment «directement visée» par un contingent de ressortissants «formés en Libye» (dont le nombre se situerait entre 1000 et 1500 personnes sur environ 5000 partis se battre à l’étranger), souligne Le Monde. Les attentats du Bardo et de Sousse, «dont les auteurs auraient suivi un entraînement en Libye, ont souligné ce péril inédit».
Aussi justifiée soit-elle, l’«alerte» américaine ne risque pas d’arranger les affaires des Tunisiens. Les touristes venus des Etats-Unis n’étaient déjà pas très nombreux (un peu plus de 12.000 au début des années 2010) mais ils risquent d’être encore moins nombreux. Surtout dans un contexte où le tourisme est «menacé de disparition», dixit le site du Point. La Banque centrale de Tunisie, citée par le site nessma.tv, a ainsi annoncé une chute «de 76,6% des nuitées touristiques globales entre juillet 2014 et juillet 2015».
Curieusement, le communiqué du Département d’Etat précise que son avis d’alerte «expire le 30 septembre 2015». Les risques cesseront-ils, comme par miracle, après cette date?