Les panneaux de pub en région parisienne se sont couverts d’affiches représentant des célébrités, ou non, tenant un panneau : Tunisiemoijyvais. Une manière d’inciter les touristes à revenir en Tunisie, désertée depuis l’attentat du musée du Bardo à Tunis le 18 mars 2015 (21 touristes étrangers et un policier tunisien tués). Cette campagne de communication suffira-t-elle ?
Selon le Syndicat national des agents de voyage français, les réservations pour la Tunisie dans l’Hexagone auraient baissé de 60 % après le 18 mars. Un chiffre dramatique pour ce pays : le tourisme fait vivre «400.000 Tunisiens», sans compter celles «qui en vivent indirectement», selon l’initiateur de la campagne, en l’occurrence l’Office national du tourisme tunisien en France. Et encore, le chiffre est peut-être sous-estimé : on parle souvent de 480.000 à 500.000 emplois rien que directs…
Quoiqu’il en soit, les autorités tunisiennes tentent donc de réagir pour sauver la saison touristique, particulièrement auprès de la clientèle française.
Pour toucher cette dernière, Publicis, qui a conçu la campagne, joue donc sur le registre affectif, en faisant appel à des personnalités. Des personnalités qui ont, ou non, un lien avec la Tunisie : l’ancien maire de Paris Bertrand Delanoë (qui y a vécu une partie de son enfance) ; l’ex-ministre de la Culture Frédéric Mitterrand; les chanteuses Juliette Gréco et Catherine Lara ; le réalisateur de télévision Serge Moati (né en Tunisie)...
Tout un chacun peut aussi mettre sa photo sur le site de la campagne.
Celle-ci se veut résolument moderne. Et passe par internet et les réseaux sociaux. Le langage est branché : «le monde entier est Bardo».
Twitter permet d’engager un débat sur le sujet. Avec des arguments humoristiques :
Johnny propose d'être l'ambassadeur du mouvement #tunisiemoijyvais. Parce qu'on a tous quelque chose en nous de Tunisie.
— M. Zedde-inzin (@MsieurZ) 26 Avril 2015
A juste titre, les concepteurs insistent sur le fait que «l’indignation et la compassion ne suffisent malheureusement pas. Soutenir la Tunisie c’est aussi continuer à y aller». Ils font aussi appel aux valeurs : continuer à s’y rendre, «c’est soutenir tout le peuple tunisien, un peuple accueillant qui partage les mêmes convictions de liberté et de démocratie que vous».
Malgré tout, tous ces arguments suffiront-ils ?
Certes, sur son site, le ministère des Affaires étrangères explique : «Les ressortissants français résidant ou désirant se rendre en Tunisie sont appelés à faire preuve de vigilance renforcée et à se conformer aux consignes de sécurité figurant sur ce site. La situation politique et sécuritaire permet cependant l’organisation de voyages professionnels et touristiques en Tunisie».
Mais la pub lutte là à la peur que peuvent éprouver les touristes potentiels. La peur de subir une attaque armée ou un attentat. Et là, ce n’est pas gagné… Il suffit de voir certains tweets… Comme celui-ci :
#tunisiemoijyvais Ceux qui exporte l'idée de l'absence de danger pour les européens en Tunisie sont un peu légers ... pic.twitter.com/4aQFWH5Sq2— Gourdans (@gourdans) 27 Avril 2015
Ou cet autre, qui fait allusion au fait que des élèves de plusieurs lycées en Tunisie ont récemment déployé de grandes banderoles aux effigies d’Hitler et de Daech.
ça donne vraiment envie de se mobiliser pour le tourisme en #Tunisie... http://t.co/Q9TdiYii0a #tunisiemoijyvais pas.
— Gaspard Alizan (@GaspardAlizan) 24 Avril 2015
Non,décidément, la campagne n’a pas encore forcément atteint ses objectifs… Même si l’on souhaite qu’elle y parvienne.