«Nous avons pratiquement tourné la page de la transition politique. La Tunisie est aujourd’hui une expérience porteuse d’espoir pour toute la région. (…) Le vrai défi est maintenant de réussir la transition économique» et le développement régional, explique le premier ministre tunisien sortant, Mehdi Jomaa, dans un entretien au Monde publié le 6 janvier 2015.
Mehdi Jomaa, qui va être remplacé par Habib Essid, un ancien secrétaire d’Etat sous Ben Ali, quitte le pouvoir satisfait. Les élections législatives et présidentielle, que son gouvernement devait organiser, se sont déroulées dans le calme et ont permis de renouveler les pouvoirs législatif et exécutif.
Il explique au Monde que le défi du nouveau pouvoir «va être de réussir la transition économique et sociale». «N’oublions pas que la révolution (de janvier 2011, NDLR) a eu lieu pour obtenir plus de libertés mais aussi de prospérité. Il faut s’attaquer à la question du développement régional, assainir l’économie, la réformer. Il va falloir mener tous ces chantiers en parallèle. Cela prendra plusieurs années», poursuit-il.
De fait, les observateurs mettent souvent en avant les disparités économiques et sociales entre le littoral, riche, et les régions de l’intérieur, pauvres. «Le véritable enjeu pour ces régions est d’attirer les investissements. (…) Les projets, les financements en direction de ces régions sont suffisants, le problème, c’est qu’ils sont à l’arrêt», juge Mehdi Jomaa. Une situation qui serait liée aux blocages bureaucratiques. «On met parfois plusieurs années à régler les questions administratives pour un seul projet. Il faut déléguer la décision et s’assurer que les compétences nécessaires à l’exécution des projets sont bien là», estime le premier ministre sortant.
Au-delà, il faut aussi assurer «de la sécurité et de la stabilité sociale» pour assurer «un environnement propice à l’activité économique». Quel bilan tire-t-il, alors, de l’activité de son gouvernement en matière sécuritaire ? «Nous sommes passés de la réaction aux actes terroristes à leur anticipation. Grâce, notamment, à la mise en place d’un pôle antiterroriste. Nos troupes sont aujourd’hui mobilisées et le niveau de coordination a beaucoup progressé», répond-il.
A ses yeux, il reste dans les montagnes proches de la frontière algérienne une centaine de djihadistes. Selon lui, l’«excellente coopération» avec l’Algérie a permis de recentrer la lutte anti-terroriste «sur les frontières libyennes où les flux sont contrôlés». Des frontières qui s’étendent sur près de 460 km.