L'économie de la Tunisie entre baisses et hausses...

Dans un marché le 29 juin 2014... (Reuters - Zoubeir Souissi)

La situation de l’économie tunisienne ne semble vraiment pas bonne. Certaines statistiques le montrent mieux que d’autres. A commencer par la baisse des investissements étrangers et la hausse des prix de base. Pourtant, il semble qu’il y ait un peu de lumière dans le tunnel…

Selon des statistiques officielles publiées le 18 novembre 2014, les investissements étrangers ont chuté de 12,5% sur les 10 premiers mois de l’année. Ceux-ci se montent à 1481 millions de dinars (647,8 millions d’euros).

La situation apparaît contrastée. Premier poste de ces investissements étrangers : le secteur de l’énergie, avec 800 millions de dinars (349,8 millions d’euros), est en régression de 14%. Le second secteur, celui des services (271,9 millions de dinars, 118,9 millions d’euros), est lui… en hausse de 40,7 %. Mais ceux de l’industrie (263,1 millions de dinars) et de l’agriculture (6,2 millions) baissent respectivement de 38,7% et 38,8%.

Ces chiffres ne sont donc pas une bonne nouvelle pour le pays dans la mesure où les investissements étrangers sont potentiellement synonymes de créations d’emplois. Ainsi, selon le site investirentunisie, ils «ont généré 3113 emplois» dans le secteur industriel entre janvier et août 2014. Rappelons qu’officiellement, le taux de chômage en Tunisie s’établit autour de 15%

Lesdits chiffres sont aussi un reflet du jugement des investisseurs étrangers, avides de stabilité pour leurs placements financiers. En clair, à leurs yeux, la Tunisie reste une destination à risque malgré les efforts des autorités locales pour stabiliser la situation.

Seconde épine dans le talon de l’économie : la hausse des prix. «La ministre du Commerce et de l’Artisanat, Nejla Harrouche, a annoncé une augmentation imminente des prix de plusieurs denrées alimentaires dont les prix sont fixés par le ministère», rapportait le site tunisienumerique le 20 novembre 2014. Cette «augmentation a été dictée par une conjoncture économique difficile où la valeur du dinar s’est effondrée et les salaires revus à la hausse», a précisé Nejla Harrouche.

D’une manière générale, l’inflation varie entre 5 et 6 %. Mais là encore, il s’agit d’un chiffre moyen qui cache de fortes disparités. Ainsi en juillet, les prix des denrées alimentaires ont connu un bond de 7,9%.

Et si l’on regardait au-delà de ces données somme toute conjoncturelles… Ainsi, qu’en disent, par exemple, les grandes organisations internationales comme la Banque mondiale?

«La Tunisie est un paradoxe économique. Elle réunit toutes les conditions pour devenir un ‘‘Tigre de la Méditerranée’’», répond un rapport de la Banque, rendu public en septembre 2014. «Pourtant, ce potentiel économique semble ne jamais se matérialiser. Au contraire, l’économie tunisienne est en proie à la création insuffisante d’emplois, ses résultats d’exportation sont faibles et la corruption généralisée».

Le rapport est intitulé «La révolution inachevée», allusion évidente au mouvement de janvier 2011. Le document n'a pas forcément raison. Mais une chose est sûre: les gouvernants qui sortiront des urnes à l’issue des scrutins législatifs et présidentiel auront forcément beaucoup de pain sur la planche. Et beaucoup de dossiers prioritaires.

Un vendeur sur un marché le 29 juin 2014 (Reuters - Zoubeir Souissi)

Un vendeur sur un marché le 29 juin 2014 (Reuters - Zoubeir Souissi)

Publié par Laurent Ribabeau Dumas / Catégories : Non classé