Quand on parle de la Tunisie, on évoque rarement les problèmes spécifiques de la jeunesse. Qui représente près d’un tiers de la population. Et est particulièrement touchée par la crise. La Banque Mondiale vient de publier un rapport qui s’efforce de faire le tour de la question.
C’est l’article 8 de la Constitution tunisienne qui l’explique gravement : «La jeunesse est une force vive dans la construction de la Nation»… La tranche 15-29 ans représenterait ainsi à peu près 30 % des quelque 11 millions de Tunisiens. Mais entre les principes du texte constitutionnel et la réelle reconnaissance de cette tranche d’âge, il y a plus qu’un fossé. Car les jeunes ont bien du mal à s’intégrer dans la société.
De fait, selon le rapport de la Banque mondiale, le nombre total des 15-29 ans « qui ne sont ni dans le système d’éducation ni dans l’emploi, ni en formation» (les NEET pour reprendre le jargon du document) est estimé à 33 %, dont de nombreux diplômés. L’un des taux les plus élevés du Maghreb. «La gravité de l’impact régional des NEET reflète l’étendue du désespoir chez les jeunes, particulièrement aigu dans les régions intérieures et du Sud qui ont été le berceau» du mouvement révolutionnaire en janvier 2011. La situation ne semble donc avoir guère changé depuis l’immolation à Sidi Bouzid (centre) d’un chômeur sans perspectives de 26 ans, Mohamed Bouazizi, le 17 décembre 2010…
Parmi les causes de cette situation détaillées par le rapport: «les conditions du marché du travail, la mauvaise qualité de l'éducation, les disparités régionales et les préjugés sexistes en vigueur, pour n'en nommer que quelques-uns».
Autre problème, selon le résumé du document : «il s’avère que très peu (de ces jeunes) se livrent à une quelconque forme de participation politique, à l'exception des mobilisations pour les démonstrations. En fait, l'activisme des jeunes se fait de manière ad hoc, en dehors des institutions civiles et politiques formellement établies, et avec les médias sociaux comme outil de mobilisation».
«Le cadre proposé dans le rapport traite de la façon dont l’aspect économique, social, politique, et les dimensions culturelles doivent être abordés simultanément pour développer des solutions», explique la Banque Mondiale de manière délicieusement technocratique. Certes. Comme dirait l’autre, y a du boulot…