Une vingtaine d’intellectuels tunisiens ont lancé, sur le site du Courrier de l’Atlas, un appel condamnant «le fanatisme» et les «pratiques d'extermination» de l'organisation «Etat islamique de Daech». Un appel avec des mots très forts.
Parmi ces intellectuels qui se disent «démocrates, libéraux et progressistes, attachés aux valeurs universelles de l’Humanité, aux idées de progrès et de liberté», on trouve nombre de personnalités de renom : l’économiste Mahmoud Ben Romdhane, l’historien Habib Kazdaghli, la philosophe Melika Ouelbani, le juriste Mohamed Salah Ben Aissa…
Les signataires se disent «choqués par la nouvelle escalade du fanatisme jihadiste du pseudo-Etat islamique de Daech (…) qui (…) s’est établi par la conquête et l’usurpation (…) en vue de terroriser, assassiner les populations, voire chasser toute l’Humanité non musulmane et musulmane au nom d’un califat dit islamique».
Ils sont «consternés par les pratiques d’extermination ciblant les minorités non musulmanes, yazidis, chrétiennes, kurdes ; par les décapitations des étrangers, journalistes et touristes dont les images sont transmises par vidéos aux voyeuristes des réseaux sociaux et aux adeptes de leurs sites».
«Les procédés expéditifs» de cette organisation leur rappellent aussi bien les méthodes des «inquisiteurs de l’Eglise catholique», celles des «nazis» ou encore des «fous de Dieu du 11 septembre». Lesquels, «chacun à sa manière, (s’arrogeaient) ‘‘le droit’’ de juger et de classer l’Humanité entre fidèles et infidèles, aryens et sémites, selon des critères dogmatiques ou partisans».
Pour les signataires, «l’islam des musulmans ordinaires est foi, piété, amour, concorde, miséricorde». Celui-ci s’oppose ainsi à «l’islam guerrier de Daech (qui) est terrorisme, cruauté, crime, horreur et bestialité». «La foi est et restera individuelle et intime et non collective, tout comme le salut des êtres humains», insistent-ils.
Dans le même temps, ces intellectuels «condamnent également ceux, Etats, puissances, dictatures, entités diverses, de quelque provenance que ce soit, qui ont pris part à la naissance, à la manipulation et à l’expansion de l’Etat islamique de Daech». Et ils «appellent les puissances étrangères, occidentales, arabes ou musulmanes, ainsi que nos gouvernants tunisiens eux-mêmes, à changer radicalement de politique à l’égard de tous les groupuscules terroristes islamistes, en s’abstenant catégoriquement de les utiliser ou de les exploiter, ou de faire jouer les uns contre les autres»/