La Tunisie a connu, dimanche 31 août en soirée, une méga-panne d’électricité qui a plongé le pays dans le noir. Il ne s’agit «ni de terrorisme, ni de sabotage, ni d’une grève», ont souligné les autorités. Mais bien plutôt d’un problème technique, ont-elles ajouté.
Selon le ministère de l’Industrie, tout est parti de la rupture d’un câble haute tension et d’une avarie sur un disjoncteur. A la suite de cette double panne, la centrale de Sousse (140 km au sud de Tunis) s’est arrêtée automatiquement. Ce qui a ensuite fait boule de neige sur l’ensemble du réseau du pays. Le black-out, peut-être aussi renforcé par une forte consommation en raison de la canicule, a duré deux heures.
Les Tunisiens, gens pragmatiques, se sont adaptés. Les clientes d’un salon de coiffure étaient ainsi toujours accueillies et coiffées à la lumière de la bougie. Par contre, les stations service de Tunis étaient fermées et une grande partie des distributeurs de billets ne fonctionnaient pas. Une partie des feux tricolores de la capitale restaient éteints.
Les coupures d’électricité d’une telle ampleur sont très rares en Tunisie. Celle du 31 août est la première depuis 2002, a précisé l’EDF locale, la Société Tunisienne de l’Electricité et du Gaz (STEG), entreprise publique. Cette dernière est minée par un déficit abyssal. Dont elle refuse de donner le détail pour ne pas fournir «d’informations qui ne sont pas claires», rapporte le site al Huffington Post Maghreb. On sait toutefois qu’en 2013, l’Etat tunisien lui avait versé une enveloppe de 2,7 milliards de dinars (1,17 milliard d’euros).
Lien de cause à effet ? Ces derniers mois, la STEG avait laissé entendre que les problèmes et les pannes pourraient se multiplier… Par ailleurs, ses employés ont déposé un préavis de grève pour la mi-septembre pour protester contre une loi sur les énergies renouvelables. Ils ont indiqué que des coupures d’électricité pourraient se produire. Les Tunisiens n’en ont donc peut-être pas fini avec les pannes…
Dans le même temps, en pleine campagne électorale, l’affaire a généré de nombreuses rumeurs, mâtinées de théories du complot. Certains ont fait le rapprochement avec les déclarations du ministre de l’Intérieur, le 30 août. Lequel a fait état de «menaces terroristes» pesant sur le bon déroulement des scrutins prévus en octobre (législatif) et novembre (présidentielle). De leur côté, plusieurs personnalités politiques importantes et leurs partis ont dit craindre des attentats. Selon La Presse de Tunis, seraient notamment visés l’ex-Premier ministre Béji Caïd Essebsi, 87 ans, leader du parti Nida Tounès (gauche dite «laïque»), et l'homme de gauche Hamma Hammami, 62 ans.
Au-delà, l’affaire illustre «l’affaiblissement de l’administration» tunisienne, pour ne pas dire son «délitement», commente Le Point. Un commentaire sévère pour un pays inquiet, en pleine campagne électorale, secoué par des attaques djihadistes. Et voisin d’une Libye en pleine anarchie.