Où en est le phénomène djihadiste en Tunisie?

Des militaires tunisiens réunis dans la région du mont Chaambi (ouest de la Tunisie), le long de la frontière avec l'Algérie, le 2 août 2013 (Reuters - Stringer).

Un soldat a été tué et un autre blessé le 18 avril 2014 par l’explosion d’une mine au passage d’un véhicule militaire sur le mont Chaambi (ouest), près de l’Algérie. Plusieurs explosions de bombes artisanales ont eu lieu ces derniers mois dans cette zone montagneuse. Les autorités évoquent une «multiplication des menaces de la part des organisations terroristes» dans la région.

Le mont Chaambi, situé à 300 km au sud-ouest de Tunis, a été déclaré «zone militaire fermée» le 16 avril par le président Moncef Marzouki. Ce qui laisse supposer que l'armée tunisienne pourrait y préparer une offensive d'envergure. En juin 2013, huit militaires avaient été tués et mutilés lors d’une embuscade tendue, selon les autorités, par un groupe armé salafiste, Ansar Asharia.

Fondé en 2011 par un vétéran d’Al Qaïda, cette mouvance est rendue responsable «des principaux actes de ‘‘terrorisme’’ qui déstabilisent le pays depuis des mois». Elle a d’ailleurs été placée par les Etats-Unis sur la liste des organisations terroristes étrangères. Les autorités la soupçonnent d’être à l’origine, en 2013, des assassinats des députés Chokri Belhaïd et Mohamed Brahmi, qui avaient soulevé une émotion considérable. Ces actes n’avaient pas été revendiqués.

Depuis fin 2012, l’armée traque dans la région du mont Chaambi, classée parc naturel, des éléments qui seraient proches d’Ansar Ansharia. Selon Reuters, elle a enregistré en 2014 une série de succès, arrêtant ou tuant plusieurs dizaines d'activistes y compris des dirigeants d'Ansar Asharia. En 2013, une vingtaine de policiers, gendarmes et militaires ont été tués dans des incidents impliquant des «terroristes», selon les autorités.

Coordination avec l’armée algérienne
Cette lutte «va prendre du temps», a annoncé le 21 avril le ministère de la Défense. Dans le même temps, celui-ci a expliqué la décision de créer une «zone militaire fermée» dans le mont Chaambi par «la multiplication des menaces de la part des organisations terroristes basées dans la région».

La semaine précédente, les massifs montagneux voisins de Sammama, Salloum et Mghilla avaient également été déclarés zones militaires. «Nous avons remarqué que certains éléments terroristes ne sont plus retranchés sur le mont Chaambi seulement mais bougent vers des monts avoisinants», a précisé le ministère. Le phénomène djihadiste serait-il en train de s’étendre ?

Les activistes «ont des armes légères, des mitraillettes, et ont recours aux mines. Les mines sont le plus grand obstacle à notre progression», expliquent les autorités.

Celles-ci ne précisent le nombre de djihadistes impliqués. «Nous ne pouvons pas donner de nombre exact parce qu'il change d'un jour à l'autre. Il y a des éléments qui entrent et sortent par les frontières», a précisé le ministère de la Défense. Cette source fait état d'une coordination avec l'armée algérienne à ce sujet.

Le Premier ministre Mehdi Jomaa s'est félicité le 21 avril des opérations en cours, estimant qu'un «saut qualitatif» s'était produit dans la lutte contre les groupes armés. «Il y a un saut qualitatif dans ces opérations parce qu'il y a de l'initiative. Les militaires (...) vont aux foyers terroristes, ils ne les attendent plus», a-t-il déclaré à la presse à l'issue d'une réunion du Conseil national de la sécurité. Le chef du gouvernement traduit-il la réalité sur le terrain, ou cherche-t-il à minimiser l’évolution du phénomène djihadiste ?

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Publié par Laurent Ribabeau Dumas / Catégories : Non classé