Le député d'opposition Mohamed Brahmi a été assassiné par balles le 25 juillet 2013 devant son domicile près de Tunis. Un assassinat qui est le second du genre, après la mort de l'opposant Chokri Belaïd, tué le 6 février 2013, lui aussi devant sa résidence. Et qui ne peut que renforcer les tensions en Tunisie.
La mort de Chokri Belaïd avait tétanisé l'opinion tunisienne. «Depuis cette affaire, on a tous en tête l’éventualité d’un scénario de guerre civile à l’algérienne», nous expliquait en juin dernier Nadia Châabane, députée du parti Al Massar (opposition de gauche) à l’Assemblée nationale constituante (ANC). L'assassinat de Mohamed Brahmi risque donc de déboussoler un peu plus les Tunisiens.
Elu à l'Assemblée nationale constituante (ANC), cet homme rond à la moustache touffue et au teint basané, âgé de 58 ans, avait été élu député à Sidi Bouzid, le berceau du mouvement révolutionnaire du 14 janvier 2011. Très critique à l'égard des islamistes d'Ennahda au pouvoir, il avait démissionné le 7 juillet 2013 de son poste de secrétaire général du Mouvement populaire (Echaâb), qu'il avait pourtant fondé. Il estimait que cette formation nationaliste de gauche avait été infiltrée par les islamistes.
Selon des témoins, Mohamed Brahmi a été abattu par deux hommes à moto devant chez lui alors qu'il descendait de voiture. «Il a été tué devant sa maison alors qu'il se trouvait avec sa fille handicapée», a précisé un membre d'Echaâb.
A l'annonce de sa mort, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant le ministère de l'Intérieur en exigeant la démission du gouvernement. Le président de l'Assemblée constituante, Mustapha Ben Djaafar, a déclaré que le vendredi 26 juillet devait être «un jour de deuil national».
Il s'agit du second assassinat politique en quelques mois. Chokri Belaïd, très populaire responsable de l'opposition, avait été abattu le 6 février 2013, probablement par un membre d'un groupe salafiste radical, selon la police. Pour l'instant, l'enquête judiciaire n'a pas abouti.
L'affaire avait provoqué les plus importantes manifestations depuis la chute de du dictateur Zine al-Abidine Ben Ali. Elle avait aussi provoqué une grave crise politique et conduit à la démission du chef du gouvernement, l'islamiste Hamadi Jebali, remplacé par Ali Larayedh, également membre d'Ennahda.