Le ministre tunisien de l'Education n'apprécie pas «Harlem Shake»

Le ministre tunisien de l’Education, Abdellatif Abid, a ordonné une enquête après la mise en scène du buzz planétaire en ligne «Harlem Shake» dans un lycée de Tunis. De nombreux jeunes relèvent que le ministère n’a jamais diligenté d’enquêtes lorsque des groupes de salafistes investissent des universités ou des lycées pour faire du prosélytisme.

Des élèves du lycée Père Blanc du quartier Menzah à Tunis ont filmé le 23 février, dans la cour de l’établissement, une vidéo dans laquelle certains d’entre eux dansent en caleçons. D'autres, portant des fausses barbes et les tuniques des tenants de la mouvance salafiste radicale, simulent des rapports sexuels.


Le Harlem  Shake, danse ridicule dans laquelle les acteurs se déguisent et imitent des actes sexuels, a fait le tour du monde sur Internet avec des dizaines de versions différentes cumulant des dizaines de millions de vues. Ces jeunes ne sont pas les seuls a être inquiétés par les autorités dans le monde arabe. La police égyptienne a ainsi annoncé le 24 février avoir arrêté quatre étudiants qui se sont filmés dansant en sous-vêtements en public sur cette chanson électro-dance.

Un mouvement de soutien aux lycéens tunisiens s'est immédiatement organisé sur Facebook.  Plus de 4600 personnes ont ainsi promis de participer le 1er mars à un Harlem  Shake de contestation devant le ministère de l'Education.

Facebook-capture
Interviewé sur la radio Mosaïque, Abdellatif Abid, pourtant membre du parti Ettakatol (mouvement non religieux qui se définit comme « social-démocrate »), a indiqué qu’un blogueur, Aymen Ben Ammar, l’avait informé de l’existence de cette vidéo sur les réseaux sociaux. Il a promis que l’enquête serait «neutre». L’affaire ayant enregistré des réactions négatives, il est tout à fait normal d’ouvrir une enquête chaque fois qu’un dépassement est enregistré dans un établissement, a-t-il précisé. Il a insisté sur la nécessité de ne pas impliquer l’institution dans les tiraillements politiques et idéologiques.

Pour Hafedh Mosrati, enseignant et syndicaliste dans le lycée Père blanc, le ministre doit calmer le jeu et laisser le conseil de discipline faire son travail. Les élèves «ont fait ce film sans autorisation de l'administration, enfreignant les règles mais ces affaires doivent être résolues en interne par le conseil de discipline», a-t-il souligné.

Dans la soirée du 25 février 2013, le site du ministère de l’Education a été piraté. A la place de la page officielle, s’affichait «HACKED BY Z & S» et «GreeTz to: Pére Blanc» (salutations à Père blanc) et le morceau Harlem Shake y passait en boucle. Tout était revenu normal le 26 février au matin.

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Publié par Laurent Ribabeau Dumas / Catégories : Non classé