De violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont fait près de 300 blessés depuis le 27 novembre à Siliana (130 km au sud-ouest de Tunis). Les manifestants réclament le départ du gouverneur. Mais ils dénoncent aussi la misère, le chômage et l’arbitraire de la police. Les mêmes ingrédients qui ont entraîné la chute du dictateur Ben Ali il y a deux ans…
La police a tiré de grandes quantités de gaz lacrymogènes.
Plusieurs milliers d’habitants ont manifesté aux abords du gouvernorat (préfecture) pour réclamer, outre le départ du gouverneur, des aides économiques.
Des rassemblements ont également eu lieu dans des localités alentour où des violences ont été signalées. Un poste des forces de l’ordre et deux de leurs véhicules ont ainsi été incendiés.
Policiers et manifestants, soutenus par une partie des forces de l’ordre et le puissant syndicat UGTT, s’accusent mutuellement d’être à l’origine des troubles. Le premier ministre, membre du parti islamiste Ennahda, Hamadi Jebali, a promis une enquête sur ces violences qui menacent «la démocratie». Une enquête qui portera notamment «sur un éventuel excessif de la force».
Hamadi Jebali a souligné que le développement économique réclamé par les protestataires ne peut être réalisé «dans le chaos», se disant prêt à dialoguer «pour résoudre les problèmes de la région». Un représentant d’Ennahda a dénoncé des violences provoquées par des forces «contre-révolutionnaires».
La région de Siliana est frappée par de graves difficultés économiques. Selon des statistiques officielles, les investissements y ont baissé de 44 % et les créations d’emplois de 66 % sur les dix premiers mois de 2012 par rapport à la même période de 2011.
«La révolte des ventres creux», pouvait-on lire le 30 novembre sur la page d’accueil du site du quotidien La Presse à propos des manifestations. Et le journal francophone d’ajouter : «A Siliana, l’on trait les vaches sans jamais boire de leur lait. Là-bas, la révolution du pain n’a rien changé. Car les pauvres sont devenus plus pauvres et le taux de chômage est toujours de 23%».
Nouveaux troubles en Tunisie
France 2, journal de 20 h, 30-12-2012; S. Perez, T. Cirotteau