Une jeune femme, violée par trois policiers, a été interrogée par un juge mardi 2 octobre à Tunis. Celui-ci doit décider s'il l'inculpe pour attentat à la pudeur.
La victime du viol et son fiancé étaient interrogés dans le cadre d'une information judiciaire. Selon l'accusation, qui s'appuie sur le témoignage des violeurs présumés, le couple a été surpris par les policiers dans une «position immorale» lors de son interpellation.
Deux agents ont alors conduit la jeune femme dans un véhicule de police où ils l'ont violée pendant qu'un troisième tentait d'extorquer de l'argent au jeune homme.
L'avocate de la victime, Ahlem Belhadj, par ailleurs présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates, a indiqué que sa cliente se trouvait dans un état psychologique «très fragile». Pour autant, elle reste décidée à se battre. «C'est une affaire qui fait honte à la Tunisie. Dans notre culture, même au niveau de la loi, on a tendance à rendre les victimes responsables de leur viol», a ajouté la défenseure.
Incarcérés début septembre, les policiers risquent de lourdes sanctions. Le viol avec violence est théoriquement passible de la peine capitale en Tunisie. Aucune exécution n'a cependant eu lieu dans le pays depuis plus de vingt ans.
L'affaire a déclenché un tollé en Tunisie, des opposants, des ONG et des médias considérant que ce dossier illustre la politique à l'égard des femmes menée par les islamistes qui dominent le gouvernement.
Pour sa part, le ministère de la Justice avait justifié la procédure, relevant la semaine dernière que la victime ne pouvait bénéficier d'une «immunité» si elle a «commis des actes sanctionnés par la loi». Depuis l'arrivée au pouvoir des islamistes d'Ennahda après la révolution de 2011, des ONG dénoncent le harcèlement de la police à l'égard des femmes.
En France, le Quai d'Orsay a indiqué suivre l'affaire «avec la plus grande attention». Il a souhaité «que les charges retenues» contre la jeune femme «soient abandonnées».