Le temps est long à l'intérieur de l'usine. La grève s'est arrêtée il y a plus d'un mois mais la chaîne n'a pas repris ou si peu. Virginie était CMI (Conductrice de moyens industriels) au ferrage. Elle doit trouver un contrat de travail avant le 31 décembre 2013. En effet, d'ici la fin de l'année elle peut bénéficier des mesures du PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi) à condition qu'elle décroche un CDD (contrat à durée déterminée) de six mois ou un CDI (contrat à durée indéterminée). Si elle n'y parvient pas elle devra se contenter des indemnités légales de licenciement soit environ 20 000 euros après 17 ans de travail à l'usine. Les forums pour l'emploi organisés sur le site ne répondent pas à sa demande : "Quand on est technicien, professionnel ou maintenancier, il y a des offres mais opérateur comme moi, on a l'impression de ramer et de se retrouver tout seul " explique Virginie.
Comme beaucoup d'ouvriers d'Aulnay, Virginie a construit sa vie autour de PSA. Assurée de son avenir, il y a trois ans elle a acheté, avec son mari, une maison dans l'Oise. Aujourd'hui, Virginie ne souhaite pas déménager. Sur le site de l'uisine PSA d'Aulnay, après la fermeture, va s'implanter une plateforme logistique, ID Logistics qui va créer 600 emplois. Pour Virginie intégrer ID Logistics ce serait une perte de salaire de 500 euros ajoutée aux frais de transports " je finirai par travailler pour rien" s'exclame-t-elle.
La jeune femme est fatiguée, pressée de quitter PSA et de changer de vie. À l'usine elle a passé 17 ans "dix sept belles années". La page se tourne : "Ils n'ont plus besoin de moi, je n'ai plus besoin d'eux mais j'ai besoin de trouver un autre travail".
Ainsi les quelques 1 700 salariés d'Aulnay qui sont encore dans l'usine passent de longues journées à envisager leur avenir. Van Hu, par exemple, technicien de 38 ans a fini par trouver un contrat de travail à l'extérieur sans trop de mal pourtant il ne cache pas son amertume : "Je suis tombé de haut, je n'ai pas fait grève, ce n'est pas ma culture mais je pensais tout de même qu'ils allaient faire quelque chose pour me trouver une solution à l'intérieur du groupe" regrette-t-il.
14 heures 37, les ouvriers repartent vers les navettes qui vont les rapprocher de leur domicile.