"Dix semaines sans être payé ! " s'exclame cet automobiliste ce matin au péage de Senlis sur l'autoroute A1. Les grévistes de PSA Aulnay lui tendent leur boîte barrée d'un grand merci et rappellent qu'en effet, depuis deux mois, ils n'ont pas touché de salaire. Les salariés en grève ont levé la barrière. Le péage est gratuit mais une pièce ou un billet dans la caisse de grève sont les bienvenus.
Cette solidarité enchante Patrice. Élu CGT au Comité d'Établissement (CE). Gréviste depuis le premier jour, il distribue des tracts aux automobilistes qui passent le péage. Et parle avec ceux qui veulent bien baisser leur vitre. Les plus généreux reçoivent en prime une carte postale de la grève. "Deux mois sans salaire, c'est dur mais à côté de ce qui risque de nous attendre derrière, pour ceux qui ne seront pas reclassés ou auront de grosses pertes de salaires, c'est moins dur" explique Patrice.
Pourtant, le contenu de la caisse de grève est une préoccupation de tous les instants. Ventes de T-shirts, de badges, collectes quotidiennes, hier soir à la sortie du métro Denfert-Rochereau à Paris, demain à Jussieu. Les syndicats, les partis de gauche envoient des chèques, plus ou moins gros. Sans parler des particuliers qui font parvenir leurs dons par la poste souvent accompagnés de messages d'encouragement.
Dix semaines de grève et après. "Nous avons déjà gagné en dignité et en solidarité" affirme Patrice avant d'ajouter, "j'espère que cela servira à chacun d'entre nous après quand on ne sera plus à l'usine".
La semaine prochaine, ils pensent pouvoir distribuer aux salariés grévistes au moins autant qu'en février. 180 000 euros dans la caisse pour le mois de mars, en attendant les subventions votées par les mairies des villes environnnantes.
Extrait de ces moments partagés, ce matin, entre automobilistes et ouvriers d'Aulnay.