Les cinéphiles auront noté la nuance. Cette Lady Killer n'a rien à voir avec les Ladykillers des frères Coen. A part bien sûr un humour bien noir... Mais ici, c'est madame qui manie le couteau comme personne. Et si la vue du sang ne vous fait pas peur, faites connaissance avec Josie Schuller.
Ça parle de quoi ?
Josie Schuller est une femme comblée. Du moins, autant que les années 50 lui permettent de l'être. Loin des stéréotypes de la mère au foyer esseulée et dépressive, Josie a des journées bien remplies, entre ses réunions Tupperware, deux petits anges blonds qui réclament beaucoup d’attention, un mari qui travaille trop et une belle-mère acariâtre. D’autant que sous ce masque parfait se cache en fait... une tueuse à gage impitoyable, qui n’hésite pas à maculer de sang son tablier et ses robes trapèzes en démembrant à la scie ses victimes. Et pour cause, cette Lady Killer est une pro du nettoyage et aucune tâche ne lui résiste !
Pourquoi on adore ?
Parce que Joëlle Jones a eu la bonne idée de jouer à fond le contraste entre les années Mad Men - où être une femme libérée, c'était pas si facile - et une héroïne qui enchaîne les contrats d'exécution sans aucun état d’âme. Après un premier tome où la dessinatrice américaine était épaulée au scénario par Jamie S. Rich, son complice de toujours, Jones s'empare cette fois totalement du personnage pour lequel elle invente un nouvel arc narratif.
Désormais à son compte, elle est à nouveau la cible d'un homme qui souhaite l’éliminer. Une menace qui va l'amener à compromettre sa couverture de mère au foyer modèle. Mais Josie a plus d’un couteau dans son sac et va une nouvelle fois faire preuve de son talent. Geysers d’hémoglobine et nettoyages efficaces sont les deux piliers de ce deuxième tome de Lady Killer, encore plus trash, et donc plus jouissif que le premier.
Vous l'aurez compris, cette héroïne est un concentré de second degré qui se moque avec délice de l’american way of life des 50s. Dans un style graphique qui rend hommage à l’iconographie d'après-guerre (rehaussée par une mise en couleur acidulée que l'on doit à Michelle Madsen), Joëlle Jones s’éclate, et nous aussi. Mais ce n'est pas gratuit.
Car si Josie répond à tous les critères que lui impose l'Amérique très puritaine des années 50, elle cache un lourd secret qui, au-delà du fait qu'elle est une meurtrière, est surtout sa manière à elle d'être libre dans une société qui ne lui permet pas de l'être.
Josie Schuller est-elle une psychopathe ? Sûrement. Travaille-t-elle gratuitement ? Probablement pas. Que fait-elle de l’argent gagné ? Nous n’en saurons rien. Après un premier tome où elle était la cible de son employeur qui cherchait à la liquider et ce nouvel opus la met une nouvelle fois en difficulté, on attend désormais que Jones creuse un peu plus le passé de son héroïne qu’on imagine aussi torturé que celui de Dexter Morgan. Elle le promet à la fin de ce nouveau tome, Lady Killer reviendra, et on croise les doigts tant cette série a du potentiel.
C’est pour vous si…
Vous appréciez particulièrement le positionnement éditorial de Glénat Comics qui s'efforce de nous proposer un catalogue riche de personnages féminins badass. Si vous ne les connaissez pas, jetez-vous sur les épatantes séries de Greg Rucka : Lazarus (dont le sixième tome devrait sortir cette année) et Black Magick (une nouveauté dont on vous reparlera très prochainement), mais aussi Bitch Planet de Kelly Sue DeConnick et Valentine De Landro ou encore The Wicked + The Divine de Kieron Gillen et Jamie McKelvie.
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Lady Killer, tome 2 : Les Vices de Miami de Joëlle Jones, éd. Glénat Comics, 144 p., environ 16 euros.