La BD de la semaine : "Black Magick", une série magique (dans tous les sens du terme)

Flic le jour, sorcière la nuit. La double vie de Rowan Black, inspectrice de police à Portsmouth, n'est pas des plus faciles à mener. Surtout quand le portable du boulot a une fâcheuse tendance à sonner en plein milieu de rituels ésotériques. Voilà le pitch de base d'une série policière vraiment pas comme les autres, menée de main de maître par Greg Rucka (à qui l'on doit déjà les géniaux Gotham Central et Lazarus) et Nicola Scott (qui jusque-là donnait surtout dans le super-héros en slip).

Ça parle de quoi ?

Au cœur de la forêt, au beau milieu de la nuit, une douzaine de sorcières, nues sous de grandes capes noire, forment un cercle pour invoquer Mabon. Bip bip bip ! "Qui a oublié d'éteindre son p... de téléphone ?" "C'est moi", répond Rowan Black. "Il faut que j'y aille". Direction le centre-ville, à tombeau ouvert sur une moto. Une prise d'otages. Le forcené retient encore quelques salariés du restaurant sous la menace de son fusil. Il discute au téléphone avec la police, qui a cerné les lieux. Il ne veut pas d'argent. Aucune revendication politique. Tout ce qu'il demande, c'est que l'inspectrice Black entre dans le magasin. Pourquoi elle ? Il refuse de s'expliquer.

Rowan s'exécute. L'homme libère les otages. Et lui glisse à l'oreille : "ils m'ont tout dit. Ils m'ont tout dit sur toi, sorcière !" Et il lui brandit un briquet sur lequel est gravé un marteau. "Oh non, vous ne pouvez pas être l'un d'eux." Ce n'est pas une banale prise d'otages à laquelle on assiste. Mais au début d'une guerre entre forces qui nous dépassent.

Pourquoi on adore

Si vous avez l'occasion de feuilleter le bouquin en librairie, difficile de ne pas s'attarder sur les magnifiques illustrations de Nicola Scott, dessinatrice australienne surdouée, dont le trait est rehaussé par une colorisation minimaliste : des nuances de gris, et de temps à autre, l'explosion de la couleur quand la magie apparaît. C'est simple, mais superbe et particulièrement efficace.

Si vous commencez à le lire, attendez-vous à être happé. Contrairement à certains comics américains surchargés en rebondissement, Black Magick est une histoire qui se déroule sur un rythme lent. Les informations sont distillées au fur et à mesure, et bien malin qui devine où l'auteur - qui écrit aussi des romans, ce qui peut expliquer cette construction particulière - veut emmener son lecteur. Même flou sur le personnage de Rowan, pas totalement sympathique, mais pas vraiment haïssable, entourée de personnages tout aussi ambivalents.

C'est pour vous si...

... vous avez envie d'une lecture bien costaude qui vous tiendra facilement sur un Paris-Marseille, si vous piquez d'ésotérisme - car les auteurs ont multiplié les références, dont certaines sont expliquées ici - si vous trouvez que Charmed a un peu vieilli, ne parlons même pas de Ma sorcière bien aimée, et si vous en avez soupé des séries télé où la police scientifique débrouille l'écheveau d'indices à partir d'un poil de cou retrouvé sur la scène de crime.

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Black Magick de Greg Rucka et Nicola Scott, deux tomes parus (160 p. et environ 18 euros pièce). Le premier tome est également disponible dans une édition collector à 30 euros environ.