C'est l'été et bientôt les vacances pour certains d'entre vous. Le moment propice pour se poser et prendre le temps de s'attarder sur quelques séries télé que l'on a pas forcément eu le temps de regarder ou dont on a tout simplement pas entendu parler, noyé dans le flot d'informations qui nous submerge chaque jour. Pas de panique, Pop Up' est là. On vous a sélectionné trois des meilleures séries diffusées récemment et qui sont passées sous de nombreux radars, écrasées par la fin de Game of Thrones, la surprise Chernobyl ou le retour de Stranger Things.
"Euphoria" (en cours de diffusion sur OCS)
Il n’est pas trop tard pour prendre en marche le train Euphoria, la première teen serie de la chaîne américaine HBO diffusée en France sur OCS en US+24 depuis le 17 juin. Surtout qu'après chaque épisode survient désormais une polémique. Trop de pénis (22 dans une seule scène, un record), une fan fiction qui imagine une relation homosexuelle entre deux membres du groupe One Direction ou un scénario propice à l'apparition de théories autour de Rue, l’héroïne. Mais il serait toutefois dommage de réduire cette série co-produite par Drake à ces effets de buzz. Car Euphoria est bien plus que cela.
Parmi la bande de lycéens dont on suit le quotidien, il y a Rue (Zendaya), une jeune toxicomane qui attaque la rentrée à peine sortie de rehab après une overdose estivale qui a failli lui coûter la vie. Pas décidée à rester sobre plus longtemps, elle replonge aussi sec et fait la connaissance d’une jeune fille mystérieuse aux cheveux roses, Jules (Hunter Schafer). Une ado transgenre au look kawaii qui trompe son mal être en enchaînant des relations sexuelles avec des hommes rencontrés sur des applications de rencontre. Ostracisées, ces deux lycéennes vont se rapprocher et se soutenir face aux difficultés de la vie.
Comme Skins avant elle (la teen serie britannique qui avait sacrément dépoussiéré le genre à la fin des années 2000), mais aussi My So-Called Life ou plus récemment 13 Reasons Why, Sex Education ou Skam, la série Euphoria (adaptée d’une série israélienne éponyme) viennent ausculter l'adolescence. C’est cru, trash, on baise, on s’exhibe en ligne contre des bitcoins, on subit du revenge porn, on se drogue, et bizarrement, rien de tout cela ne semble exagéré. Sûrement grâce à une mise en scène impeccable, une photographie sublime, une bande-son qui mixe impeccablement Beyoncé, Cardi B, Migos ou A$AP Ferg, et des sujets abordés pile dans l’air du temps qui offrent aux huit épisodes qui composent cette première saison (une deuxième vient tout juste d'être annoncée) ce ton si juste. La très grande surprise de l’année à découvrir absolument.
"Years and Years" (disponible sur MyCanal et Canal+ Séries)
Chernobyl vous a bien déprimé ? Alors enchaînez allègrement avec Years and Years, la pépite britannique qui a secoué tous ceux qui l’ont déjà vue. Imaginez que Donald Trump soit réélu en 2020, que cette élection mette le feu aux poudres entre la Chine et les Etats-Unis, que la crise migratoire s’intensifie et que le populisme prenne encore plus d’ampleur en Europe. Cela vous paraît plausible ? A Russell T Davies aussi. C’est en se basant sur ce pitch pas si irréaliste que le créateur de la version britannique de Queer as Folk nous raconte les quinze prochaines années de la famille Lyons. On y suit le quotidien de Daniel (Russell Tovey, remarqué dans Looking) qui tombe amoureux d’un réfugié ukrainien, de sa sœur Edith, infatigable activiste politique ou encore de son frère Stephen (Rory Kinnear, aperçu dans les récents James Bond), un conseiller financier que la crise des banques va terrasser et dont la fille aînée, Bethany, se revendique comme transhumaine. Une famille de Manchester ordinaire qui assiste au fil des ans à la montée en puissance de Vivienne Rook (géniale Emma Thompson), une femme politique dont le franc-parler et les positions très nationalistes séduisent de plus en plus au Royaume-Uni.
Si Chernobyl effrayait par son côté documentaire, la dystopie imaginée par Russell T Davies dérange parce qu’elle semble être une vision à peine exagérée de notre futur proche. Et notre monde, tel qu’on nous le montre dans 5, 10 ou 15 ans n’a rien d’enviable. Une mini-série en six épisodes maîtrisés, qui en dépit d’une vision très noire insuffle un soupçon d'espoir. Car bizarrement, si Years and Years est bien plombante, la série est également ultra galvanisante (au moins dans son dernier épisode).
"Aggretsuko" (disponible sur Netflix)
Retsuko est un petit panda roux femelle tout à fait ordinaire. A 25 ans, elle débute sa carrière professionnelle dans le service comptabilité d’une grosse société japonaise. Pressurisée par des collègues pas toujours bienveillants et un patron odieux qui la surnomme “la touriste” et l’humilie en permanence, Retsuko a mis au point un exutoire peu banal qui lui permet de tenir. Dès qu’elle le peut, elle s’enferme dans la cabine d’un karaoke (ou à défaut, dans des toilettes), se métamorphose et hurle sa rage et sa frustration sur du death metal.
Imaginé par Sanrio, l’entreprise à qui l'on doit Hello Kitty, Aggretsuko, contraction d’"Aggressive Retsuko", n’a rien d’un anime pour enfant comme pourrait le laisser supposer la simplicité du trait. A l’image de la transformation de Retsuko en une bête féroce, Aggretsuko utilise des personnages au chara design ultra kawaii pour mieux dézinguer les travers de la société japonaise. Des salarymen et women ultra soumis à un système très hiérarchisé, subissant le harcèlement moral. Dans la saison 2 disponible sur Netflix depuis le 14 juin, on y aborde également le poids du célibat dans un pays où un Japonais sur 4 est toujours seul à 50 ans, ainsi que la place des mariages arrangés.
Corrosif à souhait, Aggretsuko offre également l’avantage de pouvoir aisément se bingewatcher grâce à des mini épisodes de près d’un quart d’heure, parfaits pour les transports en commun (mais pas uniquement).