Invité d'honneur à l'occasion du 20e anniversaire de Japan Expo qui se tient jusqu'au 7 juillet au parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), Leiji Matsumoto, 81 ans, a accepté de répondre à quelques unes de nos questions entre une conférence et une séance de dédicaces.
France Info : En France, la diffusion au début des années 80 des dessins animés Albator 78 puis Albator 84 sur Antenne 2 est un énorme succès générationnel. Comment l'expliquez-vous ?
Leiji Matsumoto : J'ai été particulièrement heureux de l'apprendre car j'ai pu constater à ce moment-là que l'humanité était capable de se mobiliser pour les mêmes choses.
Quel message souhaitez-vous faire passer avec Albator et vos autres réalisations ?
Le message que je veux faire passer à travers mes œuvres est que ce n'est pas, et surtout, ce n'est plus le moment pour les Hommes de se battre entre eux. Au contraire, c'est le moment de se réunir pour essayer de sauver l'espèce humaine. Sinon, nous allons tout droit vers l'extinction. Nous devons protéger notre planète car nous sommes dans une période de réchauffement climatique et victimes d'autres problèmes écologiques qui sont du fait de l'homme. Nous devons tous nous unir pour sauver la vie et la protéger sous toutes ses formes.
Actuellement, l'écologie est un sujet prioritaire dans le monde. Si vous deviez refaire Albator aujourd'hui, changeriez-vous des choses pour que le message soit plus fort ?
Une des raisons pour lesquelles je continue à dessiner Capitaine Albator et Galaxy Express 999 (disponibles en France aux éditions Kana) est que je me dis que si j'arrête, je passerai l'arme à gauche. C'est un seul et même univers, un seul bloc avec également Princesse Millenium et Queen Emeraldas et je me dois de tout écrire. Donc, j'irai dans le même axe car c'est une continuité dont je ne peux m'écarter. Et j'ai vraiment l'intention de dessiner la suite. A la fin de Galaxy Express 999, le train tombe dans un trou noir accompagné du vaisseau d'Emeraldas et d'Albator. C'est cette fin que l'on connait aujourd'hui, mais j'ai envie de dessiner ce qui se passe après.
Fin juin est sorti le premier tome de Capitaine Albator : Mémoires de l’Arcadia, une création à laquelle vous avez participé avec le dessinateur et coloriste français Jérôme Alquié. Qu'est-ce qui vous a convaincu d'accepter ce projet ?
Je travaille mon œuvre comme je pense. Ensuite, il y a des personnes qui vont utiliser mon œuvre et la travailler comme ils pensent. A partir du moment où ils prennent plaisir dans leur travail, j'y prendrai aussi du plaisir. S'il y a un plaisir commun, c'est quelque chose que l'on peut partager. C'est parce que j'ai ressenti ce plaisir et ce sérieux dans le travail que je ne pouvais pas m'opposer au projet de Jérôme Alquié.
Propos recueilli par Laetitia de Germon et traduit par Emmanuel Bochew.