La BD de la semaine : "Raowl", un album jeunesse qui disperse façon puzzle

Il était une fois, dans un royaume féérique, une princesse, qui attendait d'être délivrée par son prince charmant en haut d'une tour. Oh, du bruit par la fenêtre. Oh, on se bat en bas. Oh, voilà le prince charm... le prince... non en fait une grande bête velue orangée qui fend les ennemis en deux, tantôt horizontalement, tantôt verticalement. Le voilà dans l'embrasure. Sauf que ça ne va pas être possible : dans le cahier des charges du sauvetage de princesse en détresse, il faut être un prince, si possible charmant, petite moustache à la Clark Gable et crinière blonde à la Brad Pitt dans Troie. Tant pis. Il va falloir composer avec Raowl.

Ça parle de quoi ?

Raowl est une bête velue vêtue comme Robin des Bois, mais son modèle dans la vie, ce serait plutôt un mix entre Tarzan et Terminator. Bondissant, tranchant - Tebo n'est jamais avare sur les détails anatomiques des méchants fendus en deux dans le sens de la longueur - notre gaillard répond toujours à l'appel des princesses en détresse dans l'espoir d'obtenir un bisou de reconnaissance.

Hélas, ces dames font la fine bouche au moment de poser leurs lèvres sur les poils de la joue de leur sauveur. Les ingrates ! Elles ne savent pas ce qu'elles ratent. Car quand il éternue, Raowl la bête se transforme en.. prince charmant à la chevelure à la Clark Gable et à la moustache façon Brad Pitt, à moins que ce ne soit l'inverse. Plus curieux, l'intrépide guerrier laisse place à un pleutre naïf et peu porté sur l'artillerie. Un talon d'Achille qui pourrait bien s'avérer fatal s'il existait en ce bas monde un méchant digne de ce nom qui saurait l'exploiter. Spoiler : il existe.

Pourquoi on adore

On retrouve le style de Tebo, remarqué dans son album de Mickey : un humour qui ne se pique pas toujours de sophistication, une bonne dose de bagarre, un découpage très dynamique et des doubles pages qui explosent au visage du lecteur quand il ne s'y attend pas. Ajoutez-y des monstres vraiment moches, vraiment méchants, bourrés de tentacules et de dents gâtées, et vous avez tous les ingrédients de cet anti-conte de fées. L'enthousiasme de l'auteur est très communicatif, et il ne faut qu'une poignée de pages pour qu'on accepte Raowl comme s'il faisait partie de l'imaginaire collectif depuis toujours. C'est tout le mal qu'on souhaite à la série, tout public comme on aime et dont les éditions Dupuis se sont fait une spécialité (on vous parlera prochainement de Mamma Mia !).

C'est pour vous si...

... vous aimez partager vos lectures avec vos enfants, si vous avez entre 7 et 77 ans comme on disait chez la concurrence, si vous aimez la castagne, les monstres qui font rire et peur en même temps. En revanche, pas sûr qu'avoir une fine moustache et une belle crinière blonde soit vraiment un critère pour apprécier l'album.

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Raowl, tome 1, La Bête et l'Affreux par Tebo, éd. Dupuis, 74 p., 13 euros environ. Si vous voulez voir à quoi aurait pu ressembler Raowl avant de prendre sa forme définitive, direction le site de l'auteur modestement baptisé Supertebo 🙂

Tous les visuels illustrant cet article sont crédités Raowl par Tebo © Dupuis 2019.