Une réussite qui n'a rien d'étrange. A moins d'avoir passé les dernières semaines enfermé dans une cave ou scotché sur Pokémon Go, vous avez sans doute entendu parler de Stranger Things, la dernière série de Netflix, sortie le 15 juillet.
Et si vous avez déjà vu les huit épisodes de cette première saison, vous êtes forcément encore sous le charme car il s'agit, peut-être tout simplement, de la meilleure série de l'été. Vous en doutez ? Pop Up' vous en fait la preuve par onze.
1Les références aux films des 80's
Quand on se lance dans Stranger Things, on est rapidement pris par l'agréable sensation que l'on redécouvre des lieux que l'on connaissait déjà et qui ont bercé notre jeunesse. C'est tout sauf un hasard car les frères Duffer, qui ont créé cette série pour Netflix, multiplient les références aux films fantastiques et d'horreur des années 1980. The Thing, Alien, Poltergeist, E.T., Les Goonies, Rencontres du troisième type… Des pans entiers de la pop culture sont repris avec tout le respect qui leur est dû sans jamais verser dans le pastiche ou la mauvaise copie, comme on peut le voir dans cette vidéo réalisée par un journaliste et réalisateur français, Ulysse Thevenon.
References to 70-80's movies in Stranger Things from Ulysse Thevenon on Vimeo.
En plus de ces références à ces classiques du cinéma, la série parvient à restituer leur atmosphère, l'esprit qui les accompagnait tout en déroulant une histoire originale sans jamais donner l'impression de déjà vu. De quoi ravir les trentenaires bercés par Stephen King et Steven Spielberg, tout en intéressant la génération suivante.
2Le rôle des jeux de rôle
"Boules de feu ou protection ?" Cette question lancée par Mike à ses amis dès le début de la série a forcément eu l'effet d'une madeleine de Proust chez de nombreux spectateurs. Donjons et Dragons, L'appel de Cthulhu… Toute une génération née au milieu des années 1970, début 1980 s'est en effet retrouvée à passer des heures dans sa jeunesse plongée dans une partie de jeu de rôle où un maître du jeu déroulait une histoire complexe faite de choix et de combats qui se réglaient à coups de dés spéciaux.
Mais en présentant cette bande de gamins en train de s'amuser avec Donjons et Dragons, les créateurs de Stranger Things n'ont pas comme seul objectif de jouer sur la fibre nostalgique des spectateurs, ils en profitent aussi pour introduire la structure narrative de la série qui s'apparente à une partie géante dans laquelle sont plongés les quatre enfants. Et tout au long de l'histoire, ils seront confrontés à des situations similaires à un jeu de rôle jusqu'à l'épisode final où, face au monstre, ils devront choisir entre l'attaque où la défense.
3La renaissance de Winona Ryder
C'est un peu la clé de voute de la série. La star qui a un peu plus suscité la curiosité autour de Stranger Things lors de la présentation du projet par Netflix. Icône des années 1990 et de la génération X, l'actrice américaine de 44 ans avait un peu disparu des écrans de radars ces dix dernières années hormis quelques apparitions remarquées dans Star Trek ou Black Swan.
Dans Stranger Things, elle occupe le devant de la scène dans ce rôle de mère divorcée sur le fil qui semble perdre complètement pied après la disparition de son fils. Pas maquillée, les traits tirés et enchaînant cigarette sur cigarette, celle qui reconnaît avoir adopté la coiffure de Meryl Streep dans Silkwood, n'a pas ménagé ses efforts pour incarner son personnage. Une interprétation bluffante qui tranche avec son image de femme la plus désirée dans les années 1990.
4La monstrueuse efficacité du Demogorgon
Comme le répétait Alfred Hitchcock, une bonne histoire comporte toujours un bon méchant. Et Stranger Things respecte cette règle à la lettre. A la croisée des chemins entre Roswell, Slender Man et une créature de Thing, les frères Duffer proposent une créature aussi terrifiante que stylée.
Surnommée dans la série "Demogorgon" par les enfants, en hommage au monstre mythique de Donjons et dragons, elle garde une part de mystère lors des premiers épisodes avant de se dévoiler dans les trois derniers.
Un être d'autant plus effrayant qu'à l'image de tout bon Boogeyman, il emmène ses victimes dans un univers parallèle cauchemardesque qui emprunte autant à Brume, de Stephen King pour l'ambiance qu'aux Aliens, de James Cameron quand on découvre son antre et sa façon de se reproduire.
5Barb superstar
Présence minimale pour engouement maximal. Le personnage de Barb, qui tient un rôle secondaire dans la série, a déchainé les passions parmi ceux qui ont regardé Stranger Things. Cette jeune fille, meilleure amie de l'une des héroïnes du show, n'a beau apparaître que dans trois épisodes, cela a suffi à en faire une véritable icône qui a même eu droit à son trending topic sur Twitter avec #WeAreAllBarb.
"Le buzz internet autour de Barb est beaucoup plus fort que ce à quoi je ne m'attendais, a confié son interprète, Shannon Purser, à Vulture. Mes sœurs, ma mère et moi, nous voyons tous ces œuvres de fans qui fleurissent et c’est absolument incroyable." Les raisons d'un tel engouement ? Avec son look typique des années 1980 (grosses lunettes, jean taille haute, chemise à carreaux) et son physique lambda, Barb n'est pas une héroïne en puissance. Elle est marginalisée, voire mise de côté dans son lycée, mais refuse de changer et reste fidèle à elle-même et à sa meilleure amie, la parfaite Nancy.
"Nous voulons tous être populaires, être la personne mignonne qui attrape le plus beau garçon ou la plus belle fille du lycée et qui est invitée à toutes les fêtes, pointe son interprète. Mais les gens ont vu Barb et vu comment elle ne s’excusait pas d’être ce qu’elle était, de croire en ce qu’elle croyait ou pour sa façon de s’habiller."
6Une B.O. sans fausse note
New Order, Toto, The Bangles… La bande originale de Stranger Things, comme beaucoup d'autres choses dans la série, fleure bon les années 1980. Avec ces tubes, diffusés parfois sur de bons vieux radio-cassettes (voir plus bas), difficile de ne pas être envahi par de grandes bouffées de nostalgie.
Mais la B.O. de la série ne se limite pas à ces classiques du rock et de la pop. Les frères Duffer ont ainsi souhaité s'attacher les services du groupe texan Survive pour composer la musique originale à base de synthétiseurs digne des années 1980.
"Nous avons toujours eu un faible pour les bandes originales de John Carpenter, son travail de compositeur, ont expliqué les créateurs du show à Télérama. En lisant les scénarios, les gens étaient persuadés que nous irions vers quelque chose de plus près de John Williams, mais ça aurait été trop simple. Nous avons donc embauché un groupe d'Austin, Survive, qui a signé l'ensemble de la B.O. Ils nous ont laissé plus de treize heures de musique."
7Le Dustin power
Si le casting des enfants est très réussi, une tête dépasse toutefois les autres. Car même si Eleven (voir plus bas) est le personnage le plus charismatique de la série, Dustin est sans doute le plus attachant. Avec sa bouille ronde, sa casquette et ses dents en moins, il est toutefois celui qui tient toujours à flot sa bande de potes grâce à ses blagues, sa loyauté ou sa persévérance.
S'il fait immédiatement penser à Choco dans Les Goonies, il apparaît rapidement comme le meilleur ami qu'on a toujours rêvé d'avoir. Même quand la situation est désespérée, il parvient à produire l'étincelle qui relance ses amis et dynamise la narration. Vous en doutez encore ? Allez jeter un œil à cet hommage de BuzzFeed, et on en reparle.
8La nostalgie au rayon vélo
"Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins, à bicyclette…" Parmi tous les éléments qui font le charme de Stranger Things, les balades (ou poursuites) à vélo tiennent une place particulière. D'abord parce qu'elles font inévitablement penser à des films comme les Goonies ou E.T., avec la mythique scène où Elliott s'enfuit avec l'extraterrestre.
Mais ces escapades à bicyclette sont aussi un bon moyen de nous replonger en enfance lorsque l'on dévalait les chemins en compagnie de nos potes pour vivre des aventures imaginaires ou pour jouer au policier et au voleur. Une période innocente bénie que Stranger Things nous permet ainsi de revivre à chaque coup de pédale de Mike et ses amis.
9Des objets qui n'ont rien d'accessoire
Le soucis du détail. La légende veut que Luchino Visconti exigeait, sur les plateaux de tournage, de mettre des couverts en argent dans les tiroirs d'une cuisine même si personne ne les voyait à l'écran. Il estimait que comme les acteurs le savaient, cela renforçait leur jeu par soucis de réalisme et avait donc un impact sur les spectateurs. Cet état d'esprit se retrouve dans Stranger Things où l'on sent chez les créateurs du show cette volonté de créer un environnement le plus fidèle possible aux années 1980.
La cheffe accessoiriste de la série, Lynda Reiss, a ainsi expliqué à Wired comment elle s'est attaché à fournir le maximum d'objets issus de cette période. "Je ne voulais pas livrer du matériel teinté des années 1980, je voulais être dans les années 1980, confie-t-elle. Je n'avais pas envie que ces accessoires soient conformes à ce que les gens pensent être les années 1980. Notre objectif était de recréer fidèlement ce qu'était la réalité dans le Midwest en 1983."
Et cela se sent à l'écran. Entre les talkie-walkies TRC-214 de Mike et Lucas, la radio-cassette Panasonic RX-5090 de Will, la télévision Mitsubishi 22 pouces du père de Mike, ou le téléphone filaire jaune de Joyce, chaque objet, même les plus anecdotiques, a fait l'objet d'une recherche poussée de la part de Lynda Reiss, pour coller à l'époque.
10Un scénario fantastique
Oui, Stranger Things séduit en jouant à fond la carte nostalgie. Oui, la série fonctionne grâce à ses nombreuses références aux films cultes des années 1980. Et oui, il bénéficie d'un casting impeccable que se soit au niveau des enfants ou des adultes. Mais ce qui fait surtout la force de cette série, ce sont surtout son scénario original et sa réalisation léchée.
Les frères Duffer, qui ont pourtant bossé sur le scénario du très médiocre Wayward Pines, affichent une maîtrise impressionnante dans la narration et réussissent à jongler entre les divers personnages et leurs intrigues sans jamais les perdre en chemin.
Mieux, comme le note Variety, les créateurs du show ne se contentent pas de faire des références aux chefs-d'œuvre de la science-fiction et du fantastique des années 1980, ils en tirent la principale force : instiller de l'empathie dans chaque scène. Les personnages ne sont pas juste curieux des mystères qui frappent leur ville, ils s'intéressent les uns aux autres ce qui les rend aussi attachants. Sans oublier qu'en limitant cette première saison à huit épisodes, les frères Duffer proposent une narration aussi dense qu'efficace.
11Eleven est un sacré numéro
Avec le Demogorgon, c'est l'autre star de la série. La jeune Eleven, affectueusement appelée Elfe par le jeune Mike, crève l'écran tout au long des huit épisodes. Dotée de pouvoir de télékinésie, ce personnage semble tout droit sorti d'un roman de Stephen King comme Charlie et joue le même rôle que le gentil extraterrestre dans E.T. : un être différent pris en affection par des enfants qui cherchent à le protéger des "méchants" adultes du gouvernement.
Sans oublier qu'avec son look particulier, ses cheveux rasés (les créateurs de la série ont dû convaincre l'actrice d'adopter ce look en lui montrant Charlize Theron dans Mad Max : Fury Road et Sigourney Weaver dans Alien 3) et sa blouse d'hôpital, Eleven fait aussi furieusement penser à une autre icône de la pop culture : Tetsuo, dans Akira.
Une analogie qui va même plus loin, selon Vulture, qui relève bien d'autres emprunts à l'œuvre de Katsuhiro Otomo, sortie en 1988. Des influences qui nourrissent ainsi parfaitement ce personnage, qui, grâce à sa jeune actrice Millie Bobby Brown, est l'un des plus touchant du show.