Ils sont trente, tous nommés pour tenter de remporter le Grand prix du festival d’Angoulême 2016. Trente auteurs de bande dessinée appelés à être désignés par leurs confrères pour récompenser l’ensemble de leur œuvre. Trente hommes et pas une seule femme. Une sélection qui ne passe pas et suscite la polémique depuis que le collectif des auteures de BD contre le sexisme a appelé au boycott du vote. Puisque depuis 1974, Florence Cestac est la seule femme à avoir remporté ce prix, Pop Up’ se permet de suggérer aux organisateurs du festival quelques noms d'auteures à intégrer à leur nouvelle sélection.
Claire Bretécher
Les gens de mauvaise foi vous affirmeront que Claire Bretécher a déjà obtenu le Grand prix, mais c’est seulement un ersatz "spécial 10e anniversaire du festival d'Angoulême" que l'auteure de 75 ans a reçu en 1983. Un prix de consolation attribué à la mère d’Agrippine (Dargaud) et des Frustrés, qui a commencé sa carrière dans les années 1960 au côté de René Goscinny (Astérix) avant de créer, avec Gotlib et Mandryka, la revue de bande dessinée L’Echo des savanes. Alors, au lieu d'aller à Angoulême cette année, précipitez-vous plutôt à la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou, à Paris qui consacre une rétrospective à cette “figure majeure de la bande dessinée depuis les années 1970”.
Posy Simmonds
Sorte de Bretécher à l’anglaise, Posy Simmons adore "épingler les travers de ses compatriotes en pastichant des classiques du XIXe siècle" comme le rappelle Télérama. Mondialement connue depuis que Stephen Frears a adapté au cinéma son dernier album, Tamara Drewe (Denoël Graphic), la Britannique de 70 ans n’a pas attendu le festival d’Angoulême pour être adoubée. Depuis 2004, elle fait partie de la Royal Society of Literature, l'équivalent british de l'Académie française. Une reconnaissance et une ouverture d’esprit qui manquent cruellement de ce côté de la Manche.
Rumiko Takahashi
A 58 ans, Rumiko Takahashi est une mangaka reconnue mondialement. Ses séries Urusei Yatsura (34 tomes parus en France chez Glénat) et Inu-Yasha (58 tomes chez Kana), écoulées à plusieurs millions d’exemplaires, lui ont permis de remporter deux fois le célèbre prix du manga Shōgakukan. Celle qui se dit "mariée avec les mangas et incapable de penser à autre chose" continue, malgré le succès, à ne travailler sans aucun assistant et à produire chaque jour une quantité considérable de pages.
Découvrez avec Sequencity, les premières planches de Ranma 1/2, sa série adapté en dessin animé.
Alison Bechdel
Bien connue au sein de la communauté LGBT grâce à sa série Dykes to Watch Out For (Lesbiennes à suivre en VF) qui brosse un portrait très juste de la communauté lesbienne aux États-Unis, Alison Bechdel a été révélée au grand public avec Fun Home (Denoël Graphic). Immense succès critique pour cette BD autobiographique parue en 2006 dans laquelle l’auteure raconte son enfance et sa relation avec son père dans un coin perdu de Pennsylvanie. On lui doit également le désormais célèbre test de Bechdel, qui mesure le degré de bienveillance d’une œuvre à l’égard des femmes. Un test auquel la sélection pour le Grand prix d'Angoulême a visiblement échoué.
Catel Muller
Déjà largement primée, Catel Muller alias Catel mériterait amplement un Grand prix à Angoulême tant ses récentes biographies illustrées de femmes d’exception (Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges) sont une réussite. Toujours avec José-Louis Bocquet, elle dessine en ce moment la vie de Joséphine Baker, un album qui sortira en mars 2016, toujours chez Casterman. Et qu’elle soit au scénario ou au dessin, Catel insuffle toujours une touche de féminisme dans chacun de ses ouvrages. Un exemple que devrait suivre le festival.
Découvrez les premières planches de Lucie s'en soucie, avec Sequencity.