Cinq ans après la mort de son dessinateur, Tibet, les éditions Le Lombard sortent le 79e album des aventures de Ric Hochet. Réanimé par Simon Van Liemt et Zidrou (L'Elève Ducobu), le célèbre journaliste détective est-il toujours dans le coup, soixante ans après sa naissance ? Pop Up’ fait le point après la sortie du premier tome des nouvelles enquêtes de Ric Hochet : R.I.P., Ric !.
Oui, ses enquêtes vintage sont indémodables
Né en 1955 dans le journal Tintin, Ric Hochet a traversé la deuxième moitié du 20e siècle, aussi impeccablement que son brushing. Vendeur à la criée du journal La Rafale, Ric y est finalement devenu journaliste. Une évolution de carrière peu crédible à notre époque mais qu’importe, son titre de journaliste n’est qu’un prétexte. Ric Hochet passe plus de temps à poursuivre des tueurs qu’à écrire des articles, aidé par son mentor, le bourru commissaire Bourdon.
Chaque album est l’occasion de suivre le journaliste enquêteur à la recherche d’ennemis machiavéliques aux sobriquets très premier degré : “le Caméléon” ou “le Bourreau”, pour les plus célèbres. Déguisements en pagaille, faux-morts à gogo et seringues remplies de psychotropes, la recette est toujours la même et fait le succès de cette bande dessinée qui s’est écoulée (dans sept langues) à plus de 15 millions d’exemplaires.
Ce nouvel album, premier d’une série imaginée par le tandem Van Liemt / Zidrou rassurera les fans. Le Ric Hochet nouveau a toujours la même capacité à se fourrer dans d’improbables situations… et à en sortir. On y retrouve le fameux “Caméléon”, ennemi juré du journaliste et transformé pour l’occasion en sosie de notre héros. Se déroulant en 1968, l’enquête se situe approximativement entre les précédents tome 9, Alias Ric Hochet, et 10, Les Cinq Revenants. Bref, les fans du détective sont en terrain connu.
Oui, il est moins propret
Les nouveaux auteurs n’ont pas osé toucher à la panoplie du héros. Ils s’en amusent même dans une scène où Nadine, la nièce de Bourdon, tente de le relooker dans un grand magasin parisien. Peine perdue, Ric Hochet restera ce bellâtre qui arbore le pull à col roulé et la veste en tweed comme personne. Seul signe de modernité, le brushing de notre journaliste enquêteur a pris la pluie, ce qui lui confère un air moins naïf. Globalement, c’est tout le graphisme qui est un peu ébouriffé. Le style de ces nouvelles enquêtes se rapproche plus de celui des débuts de Tibet que des derniers albums, aux traits plus lisses.
Un changement qui se traduit aussi dans le ton de l’album, truffé d’une ironie qu’on ne lui connaissait pas, et c’est tant mieux. Les auteurs se permettent même de se moquer du nom de leur héros. “Ses parents devaient avoir un sens de l’humour tout particulier pour l’affubler d’un nom pareil. Pourquoi pas Bill Boquet tant qu’on y est ?” raille le Caméléon dès les premières pages de l’album. Si le ton est plus moderne, les crimes commis sont également plus cruels. Rassurez-vous, le sang est toujours absent (on n'est pas dans The Walking Dead...), mais une scène de sexe (un peu gratuite) fait son apparition.
Feuilletez les premières pages de R.I.P., Ric ! avec Sequencity
Avec ce tome 1 nouvelle formule, les éditions Le Lombard parviennent avec succès à faire du neuf avec du vieux. Une stratégie qui semble payante, car l’aventurier Bob Morane ou encore le jeune Corentin devraient également faire un retour dans le catalogue maison dans les prochains mois. Rien de plus normal, selon Zidrou, qui s’en explique à 20minutes.fr : “Il est logique que les éditeurs essaient de faire vivre leurs "marques", et par là, leur histoire propre, leur catalogue. Et le fait que le lectorat BD ait de plus en plus le poil gris, comme moi, n'y est peut-être pas étranger non plus.” Un deuxième tome de Ric Hochet, intitulé Meurtres dans un jardin français, est d'ailleurs déjà prévu.
R.I.P, Ric ! Les Nouvelles Enquêtes de Ric Hochet tome 1, de Zidrou & Simon Van Liemt - éditions Le Lombard, 56 pages, 12 euros.