"Avengers : L'Ere d'Ultron" a-t-il trop de suite dans les idées ?

L'attente avait fini par être interminable. Mais Avengers : L'Ere d'Ultron est enfin sorti au cinéma, mercredi 22 avril. Après un premier opus franchement réussi, ce nouvel épisode de la bande à Captain America et Iron-Man était très attendu, pour ne pas dire trop attendu. Mais que vaut réellement le premier blockbuster de l'année ? Réponse à chaud de Pop Up'.

Plus explosif, plus spectaculaire

"Ça a été un cauchemar."  C'est ainsi que Joss Whedon a décrit son travail de scénariste et de réalisateur pour Avengers : L'Ere d'Ultron, visiblement épuisé par trois années d'écriture puis de tournage, la gestion d'une pléiade de stars (Scarlett Johansson, Robert Downey Jr., etc.) et des attentes immenses de la part du public. Car il s'agit ni plus ni moins de la suite tant attendue du troisième plus gros succès de l'histoire du cinéma.

L'enjeu économique est donc de taille : si possible, rapporter encore plus que le milliard et demi de dollars généré la première fois par l'équipe de super-héros de Marvel. Avengers : L'Ere d'Ultron doit donc être plus explosif, plus spectaculaire.

Un cahier des charges dur à respecter

Et le contrat, sur ce point, est rempli dès la scène d'ouverture, un plan-séquence dans lequel chaque super-héros a évidemment le droit à son moment de bravoure. Cette contrainte, de donner à chacun sa dose d'héroïsme, se ressent surtout dans la scène finale, très longue (donc harassante pour le spectateur), où le metteur en scène doit montrer tour à tour chaque Avenger à son avantage.

D'autant que l'équipe réunie par Nick Fury accueille de nouveaux membres : Scarlett Witch, Quicksilver et The Vision. Bref, la pétarade n'en finit plus, à l'image de l'armée de robots du méchant Ultron, increvable, malgré l'agacement palpable de l'incroyable Hulk.

Finalement, c'est entre deux scènes d'action pure et dure que Joss Whedon se montre plus à l'aise. Déjà, le créateur de Buffy contre les vampires parvient à mettre à l'écran un super-vilain crédible avec Ultron, une intelligence artificielle créée par Tony Stark pour protéger l'humanité mais qui va se retourner contre Iron Man & Cie en projetant tout simplement de détruire la Terre.

Des parts d'ombre mises en lumière

Donc un méchant issu d'une faiblesse de l'arrogant Tony Stark. Le héros d'acier brise l'armure : après avoir souffert de stress post-traumatique dans Iron Man 3, il pense désormais ne plus être capable d'assurer sa mission de protection de la planète. En tant que menace endogène, Ultron, incarné par la voix de James Spader, se montre davantage effrayant que le grotesque Loki et de ses alliés extraterrestres.

Ensuite, Joss Whedom donne à chaque membre des Avengers une part d'ombre — la double personnalité incontrôlable de Bruce Banner, l'anachronisme de Captain America, le passé de la Veuve noire — sans atteindre les excès du Batman de Christopher Nolan. La profondeur qu'il confère à ses personnages est toujours équilibrée par une dose d'ironie propre à Joss Whedon : la confiance divine de Thor légèrement ébranlée, le côté BCBG de Captain America gentiment moqué…

"Je suis au milieu d'une bataille avec une armée de robots, et mon seul pouvoir, c'est un arc : ça n'a pas de sens", réplique aussi Hawkeye, preuve que Joss Whedon et son film sont conscients de ce qu'ils sont : un produit mainstream, divertissant à souhait et fabriqué par Hollywood pour plaire au plus grand nombre.

Les graines des futurs productions Marvel semées

Mais les fans ne sont pas oubliés : le réalisateur, malin, met en place la suite des aventures Marvel. Les antagonismes à venir dans Captain America Civil War, prévu pour mai 2016, où Captain America et Iron Man s'affronteront, se dessinent déjà dans Avengers : L'Ere d'Ultron. Le cinéaste installe doucement l'arc narratif qui devrait mener à Avengers Infinity War, prochain gros projet de Marvel divisé en deux parties et dont la réalisation a été confiée aux frères Russo, auteurs de Captain America 2. Ce n'est donc plus le problème de Joss Whedon, qui a décidé de se mettre un peu au vert.

Boris Jullien