En 1966, la centrale nucléaire de Chooz représentait le "nec plus ultra" de la technologie nucléaire. Personne ne se doutait vraiment que ce réacteur d'un nouveau type ("à eau pressurisée") de 300 MW préfigurait en fait tous les réacteurs actuellement en fonctionnement. Chooz est l'ancêtre de toute la série des 900 MW qui constitue le gros des 58 réacteurs français en fonctionnement.
A l'époque, personne n'a songé qu'il faudrait un jour démonter l'installation: le mode d'emploi n'était pas fourni. Avec une particularité : l'ancienne centrale de Chooz se situe à l'intérieur d'une grande colline, dans deux immenses cavernes creusée à 150 mètres sous la crête. Le réacteur a été arrêté en 1991, le combustible a été refroidi en piscine puis évacué... Puis il a fallu attendre 2007 pour voir le's premières opérations de démantèlement débuter.
Au début, EDF avait adopté la stratégie du "refroidissement lent", comme dans d'autres pays, notamment la Grande-Bretagne. L'idée est alors de décharger rapidement le combustible, qui représente 99,9% de la radioactivité, et de laisser le reste de l'installation "décroître" lentement. Au fil des ans, la radioactivité résiduelle (dans les tuyaux, systèmes de refroidissement, la cuve du réacteur) diminue régulièrement, plus ou moins rapidement en fonction des éléments.
Démantèlement immédiat
Au début des années 2000, sous l'impulsion de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), EDF change de stratégie et opte pour le démantèlement immédiat. Deux arguments militent en faveur de cette option. Tout d'abord, cela évite de léguer aux générations futures un fardeau non négligeable. Ensuite, EDF s'est rendu compte qu'il était fort utile de pouvoir questionner les témoins vivants de l'exploitation d'un réacteur en démantèlement. Leur mémoire permet en effet de mieux cerner les phases délicates du démantèlement.
Aujourd'hui, une centaine de personnes travaillent sur le site du démantèlement de Chooz. Voici le reportage que nous avons réalisé à leurs côtés, diffusé dans le journal de 20h du 17/12/12.