Le rapport 2013 du médiateur de l'information est publié. C'est un document public qui fait une synthèse des courriels reçus pendant l'année écoulée. Vous trouverez ci-dessous l'avant propos de ce rapport. L'intégralité est disponible sur cette page.
N'hésitez pas à me faire part de vos réactions et suggestions.
Avant propos:
Je le souligne régulièrement, rares sont les téléspectateurs satisfaits qui écrivent au médiateur. Il faut donc déduire leurs souhaits de leurs critiques. Mais cette année, en exprimant à plusieurs reprises leur satisfaction, voire leur enthousiasme, ils ont défini très nettement ce qu'ils attendaient des émissions d'information. Ces courriels ont suivi la diffusion de certaines éditions des magazines Cash Investigation, Envoyé spécial, Complément d'enquête et Un œil sur la Planète. A chaque fois, il s’agissait d’émissions bâties sur des enquêtes fouillées et originales. Bref, les téléspectateurs ont salué l’investigation.
Ces satisfecit sont gratifiants, et plus encore ce sont les mots employés qui sont intéressants : honneur, service public, libre, etc.
Malheureusement, ces messages chaleureux ne suffisent pas à combler le fossé qui ne cesse de se creuser entre public et journalistes. Les courriels adressés au médiateur montrent le peu de confiance accordé à la presse en général et aux journaux télévisés en particulier. Le ton s’est encore durci par rapport aux années passées et, hormis lors de la polémique du mariage pour tous, les références droite/gauche s’estompent au profit de l’opposition establishment/population. Faut-il le préciser, les journalistes ne sont pas inclus dans le peuple mais clairement intégrés dans une sphère politico-médiatique.
Nous sommes soupçonnés (pour ne pas dire accusés) de minimiser ou même d’ignorer les « vrais » problèmes, et d’en livrer des analyses proches de celles des élites et loin de celles des « gens » et de leurs réalités. Il s’agit malheureusement de critiques récurrentes d’année en année, déjà traitées dans mes rapports précédents (dans quel monde vivent les journalistes... pensée unique... rédaction néo-libérale...). Cela se traduit par le sentiment, exprimé de façon explicite, que les JT n’apportent pas d’éléments de réponse à ces problèmes, interrogations ou angoisses (emploi, immigration, crainte de l’avenir, sécurité...), qu’ils éludent les questions non « politiquement correctes ».
A ce propos, ces trois années passées à la médiation de l’information m’amènent à un constat frappant : l’essentiel des critiques de fond mettant en cause, d’une façon ou d’une autre, la pratique journalistique, concernent non pas le reportage de terrain mais les plateaux, qu’ils soient d’analyse, d’explication ou encore d’opinion. La présentatrice ou le présentateur sont considérés comme les maîtres des JT et à ce titre responsables des errements réels ou supposés. Les soupçons d’orientations politiques, de manipulations ou de censure, se portent sur les journalistes en plateaux, rarement sur les journalistes en reportages à qui ne sont reprochés le cas échéant que des fautes ponctuelles.
Les commentaires et critiques sont exprimés de façon de plus en plus véhémente et, dans certains cas, violente. Sont apparus cette année des courriels stigmatisant clairement les appartenances ethniques ou religieuses de tel ou tel. Racisme, antisémitisme, anti-islamisme, xénophobie, etc., nourrissent un nombre de courriels qui est loin d’être anecdotique.
Curieusement le retentissement de l'affaire Cahuzac a provoqué très peu de réactions des téléspectateurs.
A cet égard, les réactions au « mariage pour tous » ont concentré les attaques les plus violentes. C’est de loin l’évènement qui a engendré le plus important flux de courriels. Malheureusement très peu d’entre eux demandaient des réponses ou apportaient des éléments de réflexion. Pour la quasi-totalité il s’agissait d’avis définitifs et d’accusations de parti pris de la rédaction. Cette dernière étant accusée alternativement d’être pro ou anti-mariage pour tous.