L'Histoire n'est pas un roman

 

QUESTION : Le reportage sur la pouponnière de Ravensbruck aurait du citer le très beau roman   "Kinderzimmer"de Valentine Goby...S'agit-il d'un simple oubli ? Ou du pillage éhonté d'un "sujet" , d'un témoin et du travail d'un romancier...Il serait quoi qu'il en soit élégant de donner à l'auteur l'occasion de parler de son livre dans une émission d'une audience comparable. (Fabrice B.)

 

RÉPONSE: Depuis quelques jours je croule sous les courriels de protestation reprenant les mêmes arguments et les mêmes éléments. Bref des missives ayant un incontestable air de famille.A l’origine : la diffusion dans le journal de 20h du 21 novembre d’un reportage sur la « kinderzimmer » (la chambre des enfants) de Ravensbrück. Cette pouponnière de l’enfer où les nazis ont placé les nouveaux nés du camp. La plupart n’ont pas survécu au manque de tout. Au cœur du reportage :  Marie-José Chombart de Lauwe, résistante internée à Ravensbrück et affectée à cette chambre des enfants. Elle s’y est dévouée et a témoigné, après sa libération, de l’existence d’une telle horreur. Or, un auteur à publié il y a quelques semaines un roman sur ce thème et conteste à la rédaction le droit d’aborder ce fait historique avec un témoin capital sans citer son roman. Cet auteur n’agit pas directement mais « suggère » à ses lecteurs, via les réseaux sociaux, d’écrire au médiateur :

 Valentine Goby a partagé un lien.22 novembre
…il est encore temps de se manifester, et je remercie ceux qui le feront, auprès du médiateur, qui j'espère va avoir beaucoup de courrier à lire ce week-end :http://www.france2.fr/mediateur-info/

Cette technique (peu productive !) est généralement utilisée par certains lobbies pour faire pression mais c’est la première fois que je la vois mise en œuvre pour satisfaire l’ego d’un auteur. Plus largement il me semble inconcevable de considérer que des œuvres romanesques (quelles que  soient leurs qualités) soient mises sur le même plan que les témoignages et les faits historiques. Et tant pis pour les arrières-pensées mercantiles.